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Transferts culturels 2015-2016
Pays germaniques
27 mai 2016 - Salle Weil
La Turquie entre Orient et Occident
Sabine Mangold (Wuppertal) : L’Allemagne, le sport et la Turquie au 20e siècle : désorientalisation et nationalisation autour des terrains de sport
En 2010, le footballeur d’origine turque Mesut Özil déclencha la fureur par le biais des médias en se revendiquant comme musulman pratiquant et en déclarant attendre de sa compagne qu’elle se convertisse aussi à l’islam. Même si Özil prenait toujours soin de souligner le caractère privé de sa religion, cette profession de foi en marge du terrain de football marquait bien un tournant dans la manière de se présenter des sportifs turcs ou d’origine turque, et surtout dans leur perception par le public allemand. Jusqu’alors la presse sportive en Allemagne renvoyait surtout l’image d’une Turquie moderne, nationale et laïque, qui serait incarnée par ses sportifs.
Cet exposé reviendra sur les débuts des relations sportives entre l’Allemagne et la Turquie, au début du XXe siècle, et s’intéressera en particulier à la perception et à l’image de la Turquie et de ses sportifs dans l’opinion publique allemande. Il s’agira d’interroger les fonctions jouées par la presse sportive allemande et la coopération germano-turque dans le domaine du sport. Nous verrons qu’avec la fondation de la république turque en 1923 le sport n’a pas seulement été utilisé à des fins de politique intérieure, pour imposer le kémalisme, mais a aussi été mis au service de l’image extérieure de la Turquie, afin de présenter le pays comme un Etat européen moderne et les Turcs, comme des Européens modernes. Mais en même temps, cette mise en scène fut accueillie de bonne grâce par l’Allemagne, en particulier sous la République de Weimar. Véhiculant la représentation de deux nations modernes, émancipées, rationnelles et éclairées, elle imprégna durablement les esprits. L’intrusion soudaine de la religion marquait donc bien une rupture éclatante par rapport à ce récit historique.
Emmanuel Szurek (Paris) : Aryanisme et touranisme : cristallisations identitaires des classifications linguistiques en Turquie