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Multilinguisme, traduction, création 2017-2018
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Esa Hartmann (Université de Strasbourg)
Pour une approche génétique du processus traductif : le cas de Saint-John Perse
20 octobre 2017
L’œuvre hermétique et inclassable de Saint-John Perse (1887-1975), poète, diplomate et lauréat du Prix Nobel en 1960, a toujours exercé sur ses pairs une véritable fascination. T. S. Eliot, Giuseppe Ungaretti et Rainer Maria Rilke se sont ainsi inspirés de l’éclatante nouveauté de ses poèmes et de leur univers imaginaire, et ont transposé l’œuvre persienne dans leur langue maternelle – expérience qu’ont partagée des traducteurs éminents tels que Walter Benjamin, Hugh Chisholm et Wallace Fowlie. Tout en dévoilant le parcours intéressant du processus traductif, les manuscrits de ces traductions révèlent une entreprise longtemps restée secrète : l’autotraduction de Saint-John Perse, qui, à travers sa collaboration aux traductions anglaises de son œuvre, réécrit de nombreux passages de ses poèmes dans une autre langue. Cette création seconde reflète, autant qu’elle la redouble, la genèse de l’œuvre originale, comme le dévoilent les manuscrits des traductions anglaises des poèmes Anabase (1924), Vents (1946) et Amers (1957), abondamment annotés par le poète. Mieux encore : les choix traductifs de Saint-John Perse font émerger les points forts de son art poétique, tandis que ses variantes et suggestions nous livrent une précieuse clé herméneutique pour éclairer les passages obscurs de son œuvre. Enfin, les enquêtes génétiques menées dans divers fonds d’archives nous permettent de reconstituer l’histoire captivante de ces traductions, au gré des manuscrits voyageant de continent en continent.
Esa Christine Hartmann enseigne la littérature allemande et la traduction à l’Université de Strasbourg. Ses recherches actuelles sont consacrées à l’approche génétique de la traductologie et de la création plurilingue. Elle a publié Les manuscrits de Saint-John Perse. Pour une poétique vivante (Paris, L’Harmattan, 2007), ainsi que de nombreux articles de critique génétique portant sur le processus créateur de Saint-John Perse et de ses traducteurs anglais, américains et allemands. Elle est membre du Groupe d’études sur le plurilinguisme européen (LILPA) de l’Université de Strasbourg et membre associé de l’équipe Multilinguisme, traduction, création de l’ITEM/CNRS.