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Madeleine STRATFORD
Université du Québec en Outaouais, Gatineau (Canada)
Invitée de l’ITEM – mai 2018
- Crédits : Photo : UQO | Marie-André Blais
Durant le mois de mai 2018, le labex TransferS et Olga Anokhina (ITEM) accueillent Madeleine STRATFORD, du Département d’études langagières, Université du Québec en Outaouais, Gatineau (Canada).
La traduction comme forme de création :
de la théorie à la pratique
La traduction des textes plurilingues : de la théorie à la pratique
Vendredi 4 mai 14h30, CNRS Pouchet, salle 311 (59 rue Pouchet 75017) - Dans le cadre du séminaire Multilinguisme, traduction, création
En 2008, je me penchais sur les problèmes de traduction posés par les textes littéraires multilingues dans un article intitulé « Au tour de Babel ! Les défis multiples du multilinguisme » (Meta, 53.3, 457-470). Selon la conception traditionnelle de la traduction, les traducteurs ont pour tâche d’uniformiser les discours afin de faciliter la communication entre les peuples. Or, de plus en plus d’écrivains bilingues, voire polyglottes, célèbrent leur bi- ou leur multilinguisme en signant des textes où deux ou plusieurs langues cohabitent. Dans ce séminaire, je résumerai les diverses manifestations et fonctions du multilinguisme littéraire, puis donnerai quelques exemples de défis de ce type que j’ai moi-même eu à relever dans le cadre de ma pratique de traductrice littéraire en contexte canadien, vers le français comme vers l’anglais. La présentation s’inscrit dans la lignée de l’article de 2008, mais elle va plus loin, en ceci qu’elle mettra au jour une série de stratégies opérationnelles visant à recréer ou à compenser l’effet généré par un texte multilingue.
La traduction littéraire au Canada au XXIe siècle : au-delà des « deux solitudes »
Vendredi 18 mai 15h00, ENS, salle 235A
En 1977, Philip Stratford déclarait que le Canada n’avait pas de « tradition » de la traduction littéraire, mais qu’une certaine « tendance » en ce sens commençait à poindre, en particulier depuis l’avènement du programme de financement du Conseil des arts. Près de quarante ans plus tard, il ne fait plus aucun doute que la traduction littéraire a maintenant une tradition au Canada et qu’elle a joué – et joue toujours – un rôle clé dans la formation identitaire du pays, sur les plans culturel, économique, politique, social, etc. Cela dit, sa fonction d’agent de rapprochement entre les « deux solitudes » renvoie à une époque révolue de l’histoire du Canada. Bien qu’elle ait été nécessaire, il s’agit aujourd’hui d’une conception qui semble périmée, dès que l’on se situe dans une perspective continentale, voire mondiale. En effet, au cours des dernières décennies, une tendance à la diversification et à l’internationalisation se dessine au sein du polysystème traductionnel canadien, si bien que le dialogue littéraire entre les deux langues officielles du Canada s’est transformé en un échange pluriel où interviennent de nombreux interlocuteurs, dont les langues minoritaires et celles des Amériques. Ce séminaire sera l’occasion de dresser un bilan prospectif des acquis et des perspectives d’avenir en matière de traduction et de traductologie littéraires au Canada.
Traduire la poésie contemporaine : les cultes et cultures de la forme
Vendredi 25 mai 15h00, ENS, salle 235A
Beaucoup de théoriciens n’expliquent pas systématiquement en quoi consiste le caractère poétique des textes qu’ils regroupent sous l’appellation de « poème ». Or, la façon dont le traducteur conçoit le genre poétique aura une grande influence sur sa façon de traduire. On ne peut pas définir la poésie en termes de longueur, puisqu’il existe des poèmes ne comptant qu’un seul mot et d’autres s’étirant sur des dizaines de pages. Il est tout aussi impossible de définir le genre en vertu des canons de la versification, car en poésie contemporaine, la strophe, le vers et souvent même le mot libres sont rois, sans compter l’existence du poème en prose, qui fait éclater les frontières génériques. Dans ce séminaire, je déconstruirai une à une les idées reçues sur « ce qu’est censée être la poésie », puis proposerai une définition tripartite de la « forme » fondée sur le croisement des plans conceptuel, sonore et graphique du poème. Je donnerai enfin quelques exemples « extrêmes » des applications possibles du modèle à l’étude de traductions existantes comme à la création de nouvelles traductions.
Je traduis, donc je crée : génétique de ma pratique traductive
Vendredi 1er juin 14h30, CNRS Pouchet, salle 311 (59 rue Pouchet 75017) - Dans le cadre du séminaire Multilinguisme, traduction, création
Francis R. Jones (2006 et 2011) a déjà remarqué que peu d’investigation empirique avait été effectuée à ce jour sur ce qui se produit dans la « boîte noire » du traducteur de poésie. Cette critique demeure actuelle et s’avère pertinente en ce qui a trait à la boîte noire du traducteur littéraire au sens large. L’invitation de Jones à observer en temps réel le processus de traduction littéraire m’a incitée à l’aborder dans le cadre d’un projet de recherche-création financé par le Fonds de recherche du Québec en société et culture (FRQ-SC). Tenant pour acquis que la traductrice littéraire est une créatrice, j’ai entrepris d’analyser mon propre processus de traduction dans une démarche autopoïétique et heuristique, afin de répondre à la question suivante : Comment fais-je l’expérience de la création quand je traduis un texte littéraire ? Adoptant une méthodologie relevant de la traductologie génétique (voir Cordingley et Montini 2015), j’ai « filmé » mon processus de traduction française du roman Swim de Marianne Apostolides et de traduction anglaise du roman Les corps extraterrestres de Pierre-Luc Landry à l’aide d’un logiciel de captures d’écran. Le logiciel permet aussi de filmer mon visage ainsi que d’enregistrer ma voix. J’ai aussi tenu, en cours de traduction, un journal de bord sporadique. J’ai donc accès à toutes les phases de production des avant-textes.
Présentation de Madeleine Stratford
Traductrice de littérature contemporaine, je me penche depuis longtemps sur l’interaction sens-forme et sa reproduction dans une autre langue, en particulier dans le domaine de la poésie, mais aussi de la prose. Je considère la traduction littéraire comme une forme de création à part entière, postulat qui guide ma pratique comme mes recherches dans le domaine. Polyglotte (français, anglais, espagnol et allemand) et originaire de la partie minoritaire francophone (le Québec) d’un pays « officiellement » bilingue (le Canada), je m’intéresse particulièrement à la production d’écrivains bi- ou plurilingues et aux défis linguistiques, culturels, voire même idéologiques engendrés par la traduction de ce genre de textes. Je mène également des recherches sur la traduction comme processus, ce qui m’a amenée à appliquer une approche génétique à ma propre activité traductive. Le cycle de conférences que j’envisage à titre de conférencière invitée du labex TransferS de l’ENS présentera l’état de la recherche et de la pratique sur ces sujets, les miennes propres comme celles qui sont actuellement menées au Canada.
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Entrée libre dans la limite des places disponibles Vendredis 4 mai et 1er juin 2018
14h30-16h30
salle 311 (3e ét. face asc.)
CNRS Pouchet, 59 rue Pouchet, 75017Vendredis 18 et 25 mai 2018
15h00-17h00
salle 235A (2e ét. aile gauche)
ENS, 29 rue d’Ulm, 75005