Accueil > Recherche > Projets > Axe B - Penser en langues et traduire > Genèse et transferts de savoirs linguistiques
Genèse et transferts de savoirs linguistiques
Irène FENOGLIO – ITEM
Depuis 2014
- Présentation, p1
- Génétique textuelle : terreau, p2
- Étapes, p3
- Opérations, p4
- Résultats, p5
- Conclusion et perspective, p6
- Publications, p7
Résultats
Il y a une évidence qui en tant que telle n’est plus interrogée : si une discipline est nécessaire pour comprendre le processus même de la traduction, c’est la linguistique, elle-même née de la grammaire comparée. La linguistique pose comme principe qu’il existe un système – la langue – mais que ce système n’est perceptible qu’à travers des langues diverses. La question de la traduction est ainsi au cœur de toute linguistique. Elle l’est d’autant plus si nous souhaitons pister la façon dont les notions théoriques linguistiques se propagent et se transforment ou évoluent en étant« traduites ».
Des travaux, rappelons-le, ont été faits et des résultats ont été obtenus sur la circulation et la traduction des concepts philosophiques au niveau européen et mondial (Vocabulaire européen des philosophies, dir. par B. Cassin, Seuil, 2004 ; Tour du monde des concepts de P. Legendre, Fayard, 2013). Pour ce qui est des notions et concepts linguistiques, les recherches restent à l’état de chantier. Notre objectif est alors d’avancer et de concrétiser des résultats.
Il est exactement question de« montrer ce que signifie, pour des constructions linguistiques » à visée épistémologiques, la différence des langues et d’évaluer les différences qu’opèrent les langues en ce domaine. Quel« découpage de la conceptualité » chaque langue dans laquelle une traduction a été opérée induit-elle et quel déplacement épistémologique engage le passage d’une langue à l’autre.
Traductions réalisées
- Portugais, éd. UNESP, Sao Paulo, Brésil, 2014
- Espagnol, éd. Siglo XXI, Buenos Aires, Argentine, 2014
- Allemand, éd. Diaphanes, Zurich, Suisse, 2014
- Anglais, éd. Edinburgh University Press, Edinburgh, GB, 2017, sous presse
- Tchèque, en cours par le jeune chercheur de l’Académie des sciences de Prague avec qui nous organisons nos rencontres
- Japonais en préparation
Exemple de traduction
Traduire de la linguistique c’est comprendre donc la circulation de concepts. Par exemple, comment s’en sortir pour traduire en anglais« langage »« langue »,« parole », le fameux concept à 3 têtes de Saussure, dont Benveniste hérite. Il s’agit ici de la traduction de John Joseph (linguiste de renom, professeur à l’Université d’Edinburgh) que nous avons reçu en décembre 2017.
Cours 3 (16 décembre 1968)
Comment cerner la spécificité de Saussure ? Alors que pour Peirce la langue se confond avec les mots, pour Saussure, la langue est le tout. Le signe est une notion individuelle et sociale (et non universelle comme chez Peirce). Chez Saussure, la réflexion se porte sur la langue à trois points de vue : la description, les lois, la nature de son objet. Il faut distinguer trois linguistiques suivant l’objet : 1) les langues du monde à décrire et à analyser ; 2)à l’intérieur de ces langues, le jeu des forces qui font leur diversité. Au linguiste d’établir la ratio des régularités et des différences ; 3) et de réfléchir sur la nature de son objet. - ce que la langue n’est pas ; démêler plusieurs objets différents. - distinguer langue de langage (différence de nature et différence d’extension). Dans sa totalité, le langage est hétéroclite, personnel et social, psychique et physiologique… Pour Saussure, la langue organise le langage. Il sépare ensuite la langue de l’écriture et, négativement, la langue de son actualisation par la parole individuelle, car cette partie (acoustique et physiologique) n’appartient pas à la langue ; le son est une branche d’étude particulière et, au fond, secondaire. |
THIRD LECTURE (16 December 1968)
How do we circumscribe what is specific to Saussure ? Whereas for Peirce language is mistaken for words alone, for Saussure, the language is the whole. The sign is an individual and a social notion (and not a universal one, as for Peirce). For Saussure, reflection bears upon language from three points of view : its description, its laws and the nature of its object. Three linguistics must be distinguished according to their object : 1) the languages of the world to be described and analysed ; 2) within these languages, the working of the forces responsible for their diversity ; 3) and to reflect on the nature of its object. What a language is not ; untangling several different objects. To distinguish the language system (langue) from the totality of language (langage) (difference of nature and difference of extension)[1]. In its totality, langage is heterogeneous, both personal and social, both mental and physiological… For Saussure, langue organises langage. He then separates the language (langue) from writing and, negatively, the language from its realisation as individual speech (parole), as this part (which is acoustic and physiological) doesn’t belong to the language ; sound is a particular branch of study, and, ultimately, secondary. [1] A langue in Saussurean terms is specifically the mental system that makes possible the production and understanding of a particular language, whereas langage denotes the entire phenomenon of language, its potentiality (including langue), its production (parole) and and the mental and physical faculties through which it operates (the faculté de langage). |
Nécessité d’une longue note explicitative
De la même façon comment traduire« signifiant » une fois adjectif en tchèque ? Ce terme est essentiel chez Saussure et Benveniste
De la même façon comment traduire« écriture » en portugais… : escrita ou escritura. La question s’est posé puisque l’équipe brésilienne qui a traduit les Dernières leçons vont publier la traduction de Autour d’Émile Benveniste. Sur l’écriture et que l’atelier de traduction que nous avons fait avec Verónica Galíndez y a contribué.