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John JOSEPH
Université d’Édimbourg (Royaume-Uni)
Invité de l’ITEM – décembre 2017
Durant le mois de décembre 2017, le labex TransferS et Irène Fenoglio (ITEM) accueillent John JOSEPH, du Département de linguistique et de langue anglaise, Université d’Édimbourg (Royaume-Uni).
L’auto-sémiotisation de la langue et la sémiotisation mutuelle des langues dans les Dernières leçons d’Émile Benveniste
Émile Benveniste a prononcé ses dernières conférences au Collège de France en 1968-1969. Elles sont restées inédites jusqu’en 2012 lorsqu’une édition entrelaçant les notes manuscrites de Benveniste avec celles prises par ses auditeurs a été établie (par J.-C. Coquet et I. Fenoglio) et publiée (EHESS-Gallimard- Seuil).
Benveniste confronte la sémiologie de Saussure avec la sémiotique de Peirce, et cherche une conciliation intellectuelle entre les deux. Il pose des questions que ni l’un ni l’autre de ces pionniers n’ont posées sur le rôle, dans le processus de signification, de la langue en tant que système total, et du rapport langue-écriture. Saussure compta la langue parmi les systèmes sémiologiques, tout en lui accordant un statut spécial. Pour Benveniste, les systèmes sémiologiques ne comprennent pas la langue, qui occupe une catégorie à part. Le caractère unique de la langue serait son « auto-sémiotisation ». Les (autres) systèmes sémiologiques ont tous besoin d’une langue comme « interprétant » ; la musique, par exemple, ne devient signifiante que lorsqu’on l’interprète verbalement. Mais la langue s’interprète d’elle-même.
Ou presque : car, en même temps, Benveniste avoue que c’est l’écriture qui « a toujours et partout été l’instrument qui a permis à la langue de se sémiotiser elle-même ». Cela pose des énigmes à plusieurs niveaux. La relation entre l’écriture et la langue permet-elle de concevoir l’une comme un agent utilisant l’autre comme son instrument ? Quelles sont les limites de « l’écriture », si on reconnaît que mêmes les langues non-écrites ont été auto-sémiotisées ? Ce sont des questions que Benveniste avait, semble-t-il, l’intention d’aborder dans sa prochaine série de conférences, mais il a subi un accident cérébral qui le laissa paralysé et silencieux pour le reste de sa vie.
En traduisant les Dernières leçons en anglais, je deviens sensible à une autre absence que Benveniste aurait peut-être comblée : le rôle d’autres langues dans la sémiotisation d’une langue donnée. La traduction va de pair avec le multilinguisme qui a toujours caractérisé la plupart des sociétés humaines. La thématique des recherches et de l’enseignement que je propose est double : la sémiotisation mutuelle des langues, face à l’auto-sémiotisation de la langue dont parlait Benveniste. Je crois que ce concept de sémiotisation mutuelle est implicite dans les Dernières leçons, par exemple dans ses étymologies comparatives des mots pour l’écriture ; il devient explicite dans l’activité de traduction de ce texte, et mes réflexions sur ce processus informeront largement mon analyse théorique.
Programme des conférences
Benveniste et la sémiologie (ou le structuraliste malgré lui). Benveniste et l’écriture (ou le post-structuraliste malgré lui)
Vendredi 8 décembre, 10h-13h, ENS salle de l’IHMC
Problèmes de terminologie et de traduction dans les Dernières leçons de Benveniste
Mercredi 13 décembre, 10h-13h, ENS salle de l’IHMC
Application des théories benvenistiennes à un cas contemporain : la « Révolution des parapluies » à Hong Kong
Jeudi 21 décembre, 10h-13h, ENS salle de l’IHMC
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Entrée libre dans la limite des places disponibles 8, 13 et 21 décembre 2018
10h00-13h00
Salle de l’IHMC (3ème étage, esc. C)
ENS, 45 rue d’Ulm, 75005