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Transferts culturels 2014-2015
Pays germaniques
6 février – Histoire de l’orientalisme
- Annick Fenet (Paris) : Aurel Stein et les orientalistes français : autour du déchiffrement du kharosthi (fin XIXe-1er quart du XXe s.) -
L’existence de l’alphabet kharosthi est connu des Occidentaux depuis le XIXe s., notamment par des monnaies. Les tablettes de bois inscrites ramenées par Aurel Stein de ses expéditions, à partir de 1901, ont donné lieu à des travaux collectifs de déchiffrement de cette écriture qui ont abouti à la publication de deux volumes à Oxford en 1920 et 1927. Cet aspect de la collaboration scientifique franco-anglaise menée durant plus d’un quart de siècle sur les civilisations du Turkestan chinois se révèle au travers des correspondances échangées entre Emile Senart, le père Auguste-Marie Boyer, Aurel Stein et Edward J. Rapson (professeur à Londres puis à Cambridge).
- Roland Lardinois (CNRS/EHESS, Paris) : L’émergence d’une position orientaliste à Calcutta, 1770-1880 -
En l’espace de trois décennies une compagnie privée de marchands (l’East India Company) passe sous la tutelle de la couronne britannique et un embryon d’Etat colonial se met en place à Calcutta. L’émergence d’une position orientaliste, c’est-à-dire de « spécialiste » de l’Inde, peut s’analyser comme la rencontre entre, d’une part, une demande de savoirs d’ordre à la fois pratique (propres à l’administration coloniale) et mondain (émanant des milieux intellectuels de la métropole coloniale) et, d’autre part, une offre d’expertise variable selon la position que les agents de la Compagnie des Indes occupent dans l’espace du pouvoir colonial. L’intérêt pour les langues de l’Inde, savantes (persan, sanscrit) ou vulgaires (hindoustani, bengali, tamoul) dépend encore du travail que les administrateurs coloniaux, porteurs de ces langues, doivent déployer pour faire reconnaître la légitimité de leurs compétences linguistiques. Dans ces conditions, la naissance de l’Asiatic Society of Bengal, fondée par William Jones à Calcutta en 1784, peut se comprendre comme une manière de résoudre les tensions existantes entre différents types de demandes de savoirs, politiques et civils, lettrés et mondains, savants et vulgaires, qui s’exercent alors dans le champ du pouvoir colonial.