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Histoire transnationale de l’historiographie et pratiques savantes des archives (XVIIe-XIXe siècles)
Maria Pia DONATO – IHMC
Anne SAADA – Pays germaniques
2015-2016
- Résumé, p1
- Description, p2
Description
Pratiques savantes des archives (XVIIe-XIXe siècles)
Lors de ce colloque, organisé en collaboration avec Filippo de Vivo de Birkbeck College et l’ERC, la question portait sur les archives comme sources de construction de l’histoire et lieux d’élaboration du discours historique entre les XVIIe et XIXe siècles. Des chercheurs issus de diverses disciplines (histoire, archivistique, histoire de l’art, histoire du livre, etc.) ont abordé différentes problématiques : les usages des archives pour l’écriture de l’histoire et, inversement, l’utilisation de l’histoire – souvent implicite – pour l’organisation des archives ; les modalités de transferts de savoir et de savoir-faire entre « histoire générale » et histoire de l’art, de l’église et histoire locale ; les effets de la mobilité des hommes (voyages dans différents fonds d’archives) et des déplacements des fonds d’archives ; la circulation de systèmes de classification entre des domaines contigus (bibliographie, catalogage muséale).
Les communications et les échanges entre les participants ont permis de mettre en lumière la capacité des savants de l’époque moderne à mobiliser de vastes réseaux internationaux pour accéder à une quantité de sources issues d’archives. Mais l’accès aux sources n’était pas un domaine neutre : elle a été génératrice de tensions entre savants et autorités politiques, mais aussi à l’intérieur du monde savant. Ces tensions, de fait, ont largement contribué à façonner l’idéal moderne de l’historien en tant qu’« homme d’archives ». Autre apport de ce colloque, il a révélé pour les chercheurs d’aujourd’hui toute l’ambiguïté attachée à des notions telles que documents, évidence et archives.
Ce colloque a donné lieu à la publication d’un numéro thématique de la revue internationale Storia della storiografia/History of Historiography.
Connaître le monde, administrer la diversité : les archives impériales
Cette première phase de la recherche a débouché sur d’autres interrogations qui ont conduit à élargir la problématique des pratiques savantes des archives aux sciences de l’État, de l’Homme et de la Nature. Toujours en collaboration avec Filippo de Vivo de Birkbeck College et l’ERC et une collègue de l’Université de Picardie (actuellement à l’IUF), Marie Houllemare, nous avons donc organisé en mai 2016 un colloque international sur les archives impériales qui, par leur nature même, constituent des observatoires privilégiés pour étudier les processus de transferts culturels et scientifiques à l’œuvre dans l’émergence de nouvelles disciplines.
C’est effectivement dans le domaine des colonial records que l’on voit au mieux les glissements qui se sont opérés dans l’agenda des archivistes d’une part et, d’autre part, dans celui des historiens et des spécialistes des cultural studies.
Les communications et les échanges entre les participants ont permis de réfléchir à la fois à l’organisation à la collecte des matériaux, aux dépôts ainsi constitués, à la nature des fonds, à l’archivage, à l’utilisation des documents, et au personnel mobilisé pour faire ce travail, afin de mieux cerner pour l’époque moderne les implications idéologiques que sous-tendent ces pratiques d’archives à l’échelle des empires. L’histoire des archives, en fait, ouvre des perspectives inédites aussi bien de comparaison que d’histoire connectée des empires, à condition de ne pas adopter une optique étroitement institutionnelle, mais de poser les archives comme lieux de transferts culturels.