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Artl@s
Béatrice JOYEUX-PRUNEL – IHMC
Depuis 2012
- Résumé, p1
- Description, p2
- GeoMAP, p3
- Publications, p4
Description
Le groupe Artl@s travaille plus précisément à une histoire des circulations artistiques aux XIXe-XXe siècles, à l’échelle mondiale et sur longue période. Partant de la base de catalogues d’expositions, il reconstitue l’expansion internationale du modèle de l’exposition, les trajectoires des artistes, des œuvres, la sociologie des collectionneurs, des commissaires, et plus généralement la géopolitique mondiale de l’art. Cette géo-histoire remet en cause des équilibres géopolitiques établis dans l’historiographie traditionnelle de l’art (Paris, prétendue capitale mondiale de l’art avant 1945, New York après 1945, Rome avant 1850).
Outils
Deux outils interconnectés structurent le projet : une base de données collaborative et une interface de visualisation cartographique. Les premiers 18 mois de travail ont été consacrés, du côté technique, à la conception d’une structure de base de données capable d’intégrer tous types possibles de catalogues d’expositions. La base de données BasArt, base collaborative de catalogues d’expositions pour le géoréférencement des œuvres, des artistes, des lieux de productions et d’exposition, a été conçue en 2011-2012 par Yann Le Boulanger sous PostgreSQL. Elle est connectée à une interface de cartographie et d’analyse statistique d’utilisation simple, en cours de développement. Le pôle Humanités Numériques du labex TransferS a contribué à mettre en place le géocodage automatique des adresses anciennes disparues à Paris et élabore des fonds de carte historiques qui alimenteront le portail. Il apporte également son aide auprès des membres d’Artl@s pour la réalisation de leurs cartes, comme celle du carnet d’adresses de Claude Monet (dans le cadre de la thèse de F. de Maupeou Claude Monet et l’exposition) ou leurs publications, par exemple dans la revue numérique ARTL@S Bulletin.
BasArt est sourcée, ce qui signifie que chaque information sur une exposition est nécessairement liée à une source matérielle et localisée (bibliothèque, archive, cote incluse). Elle permet la génération automatique de coordonnées géographiques pour les adresses (mêmes historiques et disparues) données par ces catalogues (adresses d’artistes, de galeries, de salons, de collectionneurs…). Chaque information est datée et automatiquement signée par celui qui les a entrées dans la base. Ainsi, nous pourrons retrouver des requêtes telles qu’elles ont été faites à une date et un état de la base donnés. Nous permettons donc aux scientifiques de faire un lien précis vers les requêtes qu’ils citent, et par là, à des cartes interactives qui, même 10 ans après la publication d’un article ou d’un livre, pourront être consultées comme celles que cite la publication en question. Enfin, en faisant signer les informations rentrées par les contributeurs, nous les assurons de la possibilité d’être cités.
Une première interface d’interrogation et d’analyse cartographique et statistique a été élaborée avec notre partenaire Purdue University. Un site test donne une idée de l’interface cartographique réalisée par Nicole Kong (Ass. Pr. à Purdue Univ.). Cette version est réalisée à partir d’une base (volontairement lacunaire, car mise en ligne sans protection) d’expositions d’artistes américains en Europe après 1945. Une recherche du nom « Pollock », sur la période 1945-1955 présente les expositions où furent incluses des œuvres de Jackson Pollock entre 1945 et 1955 – en fait, très peu, contrairement à l’historiographie la plus répandue !
Développement scientifique
Nous avons également entamé un programme scientifique de « périphérisation » d’Artl@s, avec le recrutement de deux post-doctorants spécialisés l’un d’art latino-américain, l’autre d’art africain contemporain et l’organisation de trois conférences internationales sur les espaces de l’art (Purdue university, septembre 2012), les Périphéries en histoire de l’art (ENS, juin 2013) et sur les relations artistiques entre les Suds (ENS, juin 2015). Une activité régulière de séminaire et d’invitations de professeurs étrangers (financés par TransferS ou par l’ENS) nous permet depuis 2010 de développer un réseau mondial de chercheurs intéressés de travailler à une histoire décentrée de l’art, qui s’émancipe des conclusions préétablies des problématiques postcoloniales, pour s’appuyer sur l’étude de faits historiques, la mesure de circulations effectives, l’intérêt pour le point de vue des pays « récepteurs » et leur autonomie d’interprétation. Nous adoptons simultanément une perspective métrique, comparative, une perspective « d’histoire connectée » et la méthode des transferts culturels, pour sortir de carcans interprétatifs qui ont fini par essentialiser l’idée d’une « culture occidentale » et de hiérarchies « Nord-Sud » où les « périphéries » sont nécessairement exploitées et « les centres » uniquement émetteurs, exploiteurs et centralistes. Notre objectif est de faire une place aux périphéries réelles de ce modèle interprétatif actuellement très dominant : l’Europe de l’Est (doit-on vraiment analyser l’art issu de ces régions en termes postcoloniaux ?), du Nord, ou même l’Amérique latine (les artistes de ces régions ont-ils nécessairement été et sont-ils encore obligatoirement les victimes d’une domination culturelle « occidentale » ?) et d’Asie, outre l’Afrique, les pays arabes et les régions australes. Nous cherchons à donner simplement la parole aux faits, à bien contextualiser les objets que nous étudions et mieux comprendre les logiques, les acteurs et les diversités à l’œuvre dans l’histoire mondiale des arts à l’époque contemporaine.
Plus particulièrement, l’année 2015-2016 s’est consacrée aux pays arabes, avec la collecte systématique des expositions répertoriées par les chercheurs du Maroc à l’Irak, sur la période 1900-1990 et l’étude plus précise, à partir des catalogues existants, des circulations artistiques entre les Biennales d’Alexandrie (Egypte), Paris et Venise des années 1950 aux années 1970. Les étudiants, formés à l’édition numérique des catalogues, sont aussi formés à leur étude transnationale, dans la perspective d’une publication collective. Nous mettons en route, surtout, en partenariat avec des collègues invités depuis le début du projet (de Grande Bretagne, USA, Brésil, Espagne, Japon, Italie et Suisse), l’étude d’une collecte complète et mondiale de catalogues : les Biennales, lieux-phares et pouls régulier de la scène mondiale de l’art, de la fin des années 1890 à nos jours. Il s’agit d’en faire l’étude la plus poussée possible, diachronique et synchronique, partant de toutes les informations fournies par leurs catalogues : adresses, noms et caractéristiques sociales d’artistes, marchands et collectionneurs ; titres, styles, mediums, problématiques esthétiques... Les catalogues, analysés de manière quantitative et géographique, croisés avec d’autres informations disponibles dans la base, seront recoupés, en études de cas, à d’autres sources plus traditionnelles.
En parallèle, la collaboration avec le projet POSTDIGITAL (art contemporain numérique), nous fait envisager une valorisation artistique des résultats numériques du projet.
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