Accueil > Recherche > Projets > Axe D - Histoire des sciences > De Cambridge (Angleterre) à Cambridge (Massachusetts), en passant par Vienne (...)
De Cambridge (Angleterre) à Cambridge (Massachusetts), en passant par Vienne et Berlin
Ronan DE CALAN – Pays germaniques
2012-2013
Résumé
Le labex TransferS constitue le cadre idéal pour formaliser une préoccupation déjà présente depuis longtemps dans les travaux du versant « Archives Husserl » de l’UMR 8547 : à savoir l’examen des transferts conceptuels entre le monde germanophone et le monde anglophone à travers lesquels s’est très largement constituée la philosophie des deux derniers siècles. Ces mécanismes quadrangulaires (entre Allemagne, Autriche, Grande-Bretagne et Etat-Unis, dans leurs différences) et complexes méritent une enquête spécifique, qui demeure très largement à mener. Le XXe siècle est traversé par le fait majeur de l’émigration d’une part importante des philosophes allemands et autrichiens, juifs ou non, chassés par le nazisme. Ce phénomène a joué un rôle décisif dans la mise en place, dans le monde anglophone, de ce qui s’est appelé « philosophie analytique ». Cependant, ce transfert massif du monde germanique au monde anglo-saxon au cœur du XXe siècle ne doit pas occulter la réalité d’échanges et de circulations plus anciennes. Ainsi une histoire complète de la porosité entre les deux mondes philosophiques, décisive pour comprendre la philosophie d’aujourd’hui placée plutôt, de ce point de vue, sous le régime de la fracture, doit-elle faire un sort tant à l’appropriation de l’idéalisme allemand par des auteurs comme Emerson dans le premier XIXe siècle et à l’influence qu’il a réciproquement exercée sur Nietzsche, qu’à l’hégélianisme anglais de la fin du XIXe siècle, séquence majeure de la pensée d’Outre-Manche, ou à la lecture par James de Brentano et ses élèves. C’est donc une circulation complexe et stratifiée qu’il s’agira de décrire, sur deux siècles.