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Dernière modification : 4 avril 2019

Naturalismes du monde :
les voix de l’étranger

Colloque international

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 Présentation

 

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la question de « l’étranger » croise les questions géopolitiques de l’expansion coloniale et des théories raciales, au moment où éclate l’affaire Dreyfus. Affaire nationale mais aussi Affaire–monde, celle–ci prend définitivement une dimension internationale dès la publication du J’Accuse d’Émile Zola, dans L’Aurore du 13 janvier 1898. Sans prétendre à l’exhaustivité, ce colloque, proposé dans le cadre du labex TransferS (PSL, CNRS/ENS), interroge, par le biais de quelques entrées privilégiées, les échanges interculturels dans le contexte d’une vie littéraire internationalisée, autour de l’Affaire. Souhaitant éviter une normativité ethnocentrique et une exclusivité générique, ce colloque fait trois choix. 1) Il tire ses exemples du corpus large des œuvres appartenant aux naturalismes français et étrangers (C. Becker, P.–J. Dufief, Dictionnaire des naturalismes, 2017), 2) il engage à questionner les liens entre œuvres fictionnelles et non–fictionnelles, en particulier les relations entre le domaine du roman d’un côté, et le domaine épistolaire de l’autre, 3) il explore ces imbrications inter–génériques comme des ensembles relevant de littéracies inscrites dans des aires géolinguistiques : logique des « aires culturelles », susceptible d’être interrogée, et qui structure les deux journées du colloque, engageant correspondances, œuvres littéraires et presse internationale. 

La colonne vertébrale de ces journées est offerte par le corpus des lettres internationales des « citoyens du monde » adressées à Zola durant l’affaire Dreyfus, suite à la parution de J’Accuse, acte politique qui a connu un rayonnement mondial hors du commun. Que révèlent ces lettres (le plus souvent d’anonymes) de l’image de Zola, des jugements sur ses œuvres et de l’interprétation de son acte politique, selon le pays, la culture, la classe sociale, le métier de l’expéditeur ? Le projet de recherche actuel de l’équipe Zola autour des lettres internationales, débuté en 2017, tentera de répondre à ces questions, qui interrogent les voix épistolaires des « étrangers ». Pour saisir la diversité formelle et idéologique de ce corpus, selon les lieux du monde, il faut en interroger les langues (française et étrangères), les stéréotypes, en expliquer les singularités culturelles, sociales et politiques, mais encore les valeurs qui tournent autour de l’humanisme et de l’universalisme de l’affaire Dreyfus, en tant qu’acte et symbole moral et politique.

En plus de leur valeur de témoignage historique, ces lettres venues de nombreux pays, ouvrent des perspectives neuves pour l’étude des réceptions du naturalisme zolien, abordées non plus à travers les jugements des « experts » (critiques littéraires, artistes et intellectuels) mais à travers le filtre subjectif des lectrices et lecteurs « ordinaires » qui osent, avec courage, sortir de l’ombre, prendre des risques, et faire entendre leur voix, en écrivant à la première personne. Ils mêlent, parfois en les opposant, les visages d’un Zola biface : le Zola romancier des célèbres Rougon–Macquart et des Trois Villes, admiré ou haï, et l’intellectuel humaniste engagé dans la défense de la justice et de la vérité. La logique des aires géographiques nous permettra d’interroger les relations entre le corpus épistolaire régionalisé et la réception locale des romans naturalistes zoliens, sinon les liens organiques de ces lettres étrangères avec leur contexte culturel et situationnel, sans sous–estimer les circulations entre pays, à l’ère de la presse internationale, du cosmopolitisme et des traductions, qui construisent une image kaléidoscopique d’Emile Zola.

Ce corpus possède une remarquable valeur de témoignage sociologique et ethnographique en ce qu’il s’enracine dans le terreau des épistoliers des pays du monde, et appelle autant une réflexion sur le contact des langues et des cultures que sur les valeurs morales et citoyennes de l’engagement participatif des peuples qui regardent, parfois de loin, la Nation France déchirée entre les camps dreyfusards et antidreyfusards.

 

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