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L’Europe philosophique et scientifique à l’épreuve de la Première Guerre mondiale
Frédéric WORMS et Caterina ZANFI – République des Savoirs
Depuis 2012
- Résumé, p1
- France-Italie, p2
France-Italie
Le programme de recherches sur les relations culturelles et intellectuelles entre la France et l’Italie durant la Grande Guerre s’est déroulé en trois étapes. Le séminaire a été coordonné par Roberto Bianchi (Université de Florence), Patrizia Dogliani (Université de Bologne), Frédéric Worms (ENS Paris/République des savoirs/Ciepfc) et Caterina Zanfi (République des savoirs/Ciepfc), avec la collaboration de Isabelle Mallez (Institut Français Florence) et Benoît Tadié (IFI/Ambassade de France en Italie).
La première rencontre de Bologne (mai 2014), qui a permis de constituer le groupe de travail interdisciplinaire franco-italien, s’est concentrée sur l’année 1914.
Le deuxième séminaire de Florence (mars 2015) proposait de travailler sur une période plus large, embrassant la Grande Guerre et ses lendemains. Il s’agissait d’interroger les effets de la Grande Guerre sur les rapports intellectuels et culturels franco-italiens, en réfléchissant aux caractéristiques de la mobilisation culturelle et aux transformations induites par la guerre sur les contenus et les formes des échanges. Au centre, l’étude des articulations multiples entre le politique et le culturel.
C’est l’Institut français de Florence qui accueillait cette deuxième rencontre. Les lieux appelaient une réflexion sur l’histoire de l’institution et sur son rôle dans les relations franco-italiennes, envisagé ici sur une plus longue durée. Comme cela avait été souligné à Bologne, l’Institut français constitue à la fois un vecteur et un observatoire privilégié de ces relations. L’exploitation de ses archives, d’une grande richesse, est l’un des volets du programme.
À l’issue de cette journée, les reconfigurations opérées par le conflit se sont dessinées plus nettement et ont précisé comment les hommes et les outils du dialogue culturel franco-italien d’avant 1914 était mis au service de la propagande de guerre et comment le rapprochement franco-italien impliquait une rupture spéculaire avec l’Allemagne, dont les conséquences étaient durables et affectaient de nombreux domaines de la culture et des sciences. La réflexion sur l’évolution des relations franco-italiennes durant cette période est donc cruciale pour comprendre les transformations culturelles et politiques ultérieures en Europe, mais aussi pour mieux saisir des moments-clés de l’histoire italienne comme l’installation du fascisme.
- Paul Iribe, couverture de la revue « Le Mot », n. 19, 15 juin 1915.
Source gallica.bnf.fr / Don Mandel
La troisième rencontre de l’ENS, Paris (mars 2016) a tiré les conclusions des réflexions et des recherches élaborées au cours des deux premières réunions à l’Université de Bologne et à l’Institut français de Florence. La journée d’étude a invité les jeunes chercheurs du groupe à compléter dans un cadre chronologique plus large ce qui avait déjà été considéré dans les rencontres précédentes, par l’intégration de nouvelles recherches et de nouvelles approches dans les domaines historiographique, philosophique et artistique, par la confrontation avec les jeunes collègues et professeurs des universités impliquées. Les rapports intellectuels franco-italiens ont été observés cette fois pour mesurer l’héritage des transitions culturelles qui eurent lieu pendant la guerre dans la période suivante, marquée par la crise des systèmes qui avaient précédé le conflit et par la nécessité de repenser l’Europe, les identités nationales, le rôle des intellectuels et des institutions culturelles. De l’année 1914, on a considéré la période jusqu’à 1924 - année importante pour les deux pays, tant sur le plan purement politique qu’intellectuel, les évolutions ultérieures allant à bien des égards dans des directions diamétralement opposés, avec le succès du Cartel des gauches en France et l’affirmation du Fascisme en Italie. Si la France vit une saison d’expérimentation artistique, d’engagement et de progressive réouverture vers l’Allemagne, en Italie on assiste à un conformisme intellectuel aligné au fascisme, contrecarré par un front d’opposition dominé par Croce. Le rétablissement de rapports avec les scientifiques et les universitaires allemands joue aussi un rôle crucial dans les relations entre l’Italie et la France sur le plan des sciences pures et appliquées, ainsi que des techniques de communication. En outre, la violence politique qui secoue l’Italie entre 1919 et 1924, pousse non seulement militants et dirigeants syndicaux et politiques, mais aussi intellectuels et artistes à émigrer vers d’autres pays, principalement en France, en créant une relation intense et une contamination profonde entre les cultures et les arts, notamment visuels, des deux pays, avec de nouveaux accents dans l’expérimentation.
- Serge Férat, « Lacerba », 1913
Les comptes rendus des séances et autres informations sur le projet sont publiés dans le carnet hypothèses https://1418frit.hypotheses.org
Cette initiative rentrait dans le programme officiel des Commémorations du Centenaire de la Première Guerre mondiale de la Mission du Centenaire 14-18 pour la France et de la Présidence du Conseil des Ministres – Mission pour les Anniversaires d’intérêt national pour l’Italie.