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Constructions, grammaire, lexique et cognition
Myriam BOUVERET – Lattice
Depuis 2012
- Résumé, p1
- Présentation, p2
- Publications et rayonnement, p3
Présentation
Le concept de DON réfère à un concept central dans les langues. Toutes les constructions syntaxiques sont représentées en français. La construction prototypique de TRANSFERT constitue ce qui est nommé en linguistique cognitive un schéma. L’hypothèse qui est explorée et vérifiée sur un ensemble de dix langues dans ce projet est celle selon laquelle ce schéma est source des extensions sémantiques et syntaxiques de la forme en français et en langues. La dimension centrale de ‘direction’, concrète ou abstraite, peut donner lieu à des extensions d’ ‘intention’ ou de ‘futur’. C’est le cas de la construction semi-auxiliaire à valeur causative suivi de l’infinitif (donner à entendre). La seconde hypothèse du projet, est celle selon laquelle langue, culture et cognition sont intimement liées.
Nous nous attachons dans cet axe à montrer les processus d’extension, de lexicalisation et de grammaticalisation, en français et en comparaison avec d’autres langues. Diverses approches théoriques sont convoquées pour les analyses qui explorent les phénomènes de lexicalisation, grammaticalisation ou constructionalisation ; polysémie et changement linguistique. Les frontières entre grammaire et lexique sont étudiées ainsi que leur déplacement selon les langues. La notion de construction entre syntaxe, sémantique, morphologie est questionnée. L’approche contrastive des langues permet de nouvelles descriptions plus approfondies de la notion employée en grammaire cognitive de construction. Les langues de l’étude concernées pour la diversité de leurs comportements linguistiques et leur appartenance à des familles de langues différentes sont : le français, le roumain, l’espagnol (langues romanes, famille indo-européenne), l’anglais (langue germanique, famille indo-européenne), le polonais (langue slave, famille indo-européenne), le kurde (groupe iranien, famille indo-européenne), le dalabon (branche non-Pama-nyungan, famille Gunwinyguan, Australie), le chinois (famille sino-tibétaine), le tibétain (super famille sino-tibétaine, famille tibéto-birmane).
L’ensemble de ces langues fait partie d’un ouvrage à paraître reposant sur les travaux élaborés dans le projet TransferS 2012-2016 (Bouveret ed.). L’étude est étendue à d’autres langues à partir de 2017, à commencer par le khmer (famille austroasiatique).
La seconde hypothèse du projet, celle mentionné plus haut selon laquelle langue, culture et cognition sont intimement liées, se vérifie à ce stade de manière « faible » et sera formulée de manière plus ferme sur la suite du projet avec l’étude des modalités dans plusieurs langues. La modalité n langue est la marque linguistique du point de vue du locuteur, la manière en langue de prendre en charge ou de mettre de la distance vis à vis d’un énoncé. Les langues modalisent différemment, qu’il s’agissent des modes du français, -par exemple le conditionnel, l’indicatif, permettant de rendre compte de « l’état de pensée » du locuteur (je viendrais (souhait : conditionnel) si je pouvais, mais je ne peux pas (réalité : indicatif)), ou bien des auxiliaires en anglais marquant l’instance, -par exemple l’institution, le sujet- et la force d’énonciation (may, might, must, have to, ought to, should), qu’il s’agisse encore des marques d’évidentialité sur le verbe en tibétain indiquant l’identité du sujet et la prise en charge de l’énonciation, ou encore des marques de discours médiatif sur le verbe en bulgare permettant d’indiquer que le locuteur n’est pas le témoin de son discours mais que les faits lui ont été relatés (‘imalo edna vreme’, il était une fois). Toutes ces marques de modalité mettent largement en relation la langue, la cognition et la culture. La modalité permet notamment d’observer la notion de politesse et ses déclinaisons à travers le système verbal dans les langues.