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Dernière modification : 4 janvier 2017

Congrès de l’ENIUGH

2014

  Sommaire  

 Bilan

 

L’ouverture du congrès avec une intervention liminaire et une table ronde a eu lieu dans le grand amphithéâtre du Collège de France, le jeudi 4 septembre 2014. Outre cette ouverture, avait été proposée une série de manifestations en marge des panels : à l’Institut historique allemand de Paris une conférence de Christophe Charle « Paris capitale culturelle, nationale, internationale, transnationale XIXe-XXe siècle », ainsi qu’une table ronde d’éditeurs à l’ENS, manifestation rassemblant des experts en matière d’édition qui ont débattu du problème de la publication sur l’histoire globale dans d’autres langues que l’anglais. Enfin une table ronde a permis de clore les débats par un plenum, au cours duquel des représentants de l’histoire globale issus de différents pays ont tiré un bilan du congrès pour l’évolution des représentations actuelles des historiens sur les questions de globalité.

 ENIUGH 2014 - Conférences inaugurales
ENIUGH 2014 - Conférences inaugurales
Crédits : S. Bono-Lauriol / ANR-10-LABX-0099

Un programme complet du congrès est accessible en pdf sur le site de l’ENIUGH.

Les organisateurs se proposaient de réexaminer l’opposition problématique des centres et des périphéries qui continue de marquer de nombreuses recherches historiques, même celles qui proviennent de la tradition des aires culturelles, de l’historiographie non européenne ou d’histoires à prétention globale. En outre il s’agissait de susciter un débat sur le sens et la pertinence des relations, comparaisons, transferts et imbrications entre les Etats, les peuples, les communautés et les individus dans une perspective de « longue durée ». L’objectif était enfin de représenter la multiplicité des lieux et perspectives à partir desquels le passé est réécrit pour être plus adéquat au contexte global dans lequel nous nous situons.

Il avait été décidé de tenir ce congrès à Paris pour profiter de l’intérêt croissant en France pour l’histoire transnationale et globale et le rôle du passé colonial. Les organisateurs souhaitaient faire de l’histoire française coloniale et de l’histoire africaine un objet central de ce congrès. A cette fin ont été invités des historiens de différents pays d’Afrique francophone (notamment du Sénégal et du Cameroun) : ils ont largement parlé des imbrications de leur culture historique avec celle qui prévaut en France.

La région du monde la plus souvent prise en charge par des historiographies extérieures à son territoire est en effet l’Afrique. On sait bien par exemple par l’intérêt portée à la bibliothèque de Tombouctou que l’Afrique a elle aussi une histoire écrite et des travaux récents ont montré que cette histoire s’étend au moyen âge, et surtout que cette histoire était alors déjà globale, c’est-à-dire qu’elle insérait l’Afrique dans des réseaux, commerciaux notamment, allant au-delà des limites du continent. A l’opposé des affirmations longtemps énoncées selon lesquelles l’Afrique serait hors de l’histoire, une autre position consiste à considérer que l’Afrique est à l’origine de l’histoire puisque la civilisation égyptienne, elle-même considérée comme une des sources de la civilisation grecque et donc européenne, serait héritière directe de l’Afrique et assurerait donc à l’Afrique un rôle fondateur. Cette construction pose les bases d’un africanocentrisme contemporain, réagissant clairement aux dominations coloniales, qui place l’Afrique au centre et a au moins eu le mérite de susciter des réflexions nouvelles sur l’histoire du continent.

Un congrès d’histoire globale qui se tenait en septembre 1914, soit cent ans après le début de la Première Guerre mondiale ne pouvait manquer de faire de cet événement un objet essentiel de réflexion. La Première Guerre mondiale fut un traumatisme collectif pour l’ensemble de l’Europe. Les horreurs de Verdun, du Chemin des Dames, la vie et la mort dans les tranchées comme la tranchée des baïonnettes, l’utilisation guerrière de la chimie avec l’emploi du gaz moutarde, le viol de guerre, les « gueules cassées », la destruction d’œuvres d’art aussi identitaires que la cathédrale de Reims, les immenses cimetières de la Somme ou de la Lorraine sont les images auxquelles se réfère tout récit historique consacré à la Première Guerre mondiale. Dans l’immédiat après-guerre on situe des phénomènes artistiques comme l’expressionnisme allemand ou le futurisme italien ou des phénomènes politiques aussi fondamentaux que la Révolution russe de 1917. L’histoire de la Société des Nations et des grandes organisations internationales, celle du pacifisme, font partie des conséquences de 1918. La guerre de 1914 est en elle-même et dans ses ultimes conséquences un problème d’histoire globale.

De nombreux ateliers du congrès de l’ENIUGH ont donc été consacrés à la mise en évidence des prolongements mondiaux de 1914-1918. On peut dire par exemple que la guerre de 1914 a profondément affectée les relations du Japon au reste du monde. Le Japon se trouve à la suite de la Première Guerre mondiale dans une situation de confrontation directe avec les Etats-Unis. Harbin ou Shanghai devinrent en Chine des lieux d’exil pour des populations européennes, notamment les Russes blancs. De façon générale la Première Guerre mondiale a permis des rencontres humaines parfaitement imprévues. C’est ainsi par exemple que plus d’un million d’Asiatiques ou d’Africains se sont trouvés en France entre 1914 et 1918 et ont rapporté dans leur pays natal des expériences nouvelles.

Dans le contexte français l’historiographie transnationale obéit à divers modèles. Outre le comparatisme qui a longtemps représenté l’essentiel des travaux dépassant le cadre national, on trouve des variantes françaises de l’histoire partagée, de l’histoire imbriquée. Les transferts culturels, plus attachés à la dimension linguistique de l’histoire globale et aux procédures de resémantisation qui accompagnent la circulation des biens culturels, s’inscrivent dans un cadre théorique différent. Plus récemment l’histoire à parts égales met l’accent sur la nécessité de tenir compte des sources rédigées en langues extraeuropéennes pour aborder les contacts entre cultures européennes et extraeuropéennes. La spécificité de la perspective des historiens français sur l’histoire globale a été mise au centre du colloque.

ENIUGH 2014 - Entrée de l'ENS
ENIUGH 2014 - Entrée de l’ENS
Crédits : J. Cavero / ANR-10-LABX-0099

Le partenariat de l’ENIUGH et du labex TransferS de l’ENS pour organiser ce quatrième congrès d’histoire globale tenait au fait que les quatorze équipes de recherche en sciences humaines et sociales qui constituent cet ensemble ont mis au cœur de leur réflexion les procédures de déplacement dans le temps et surtout dans l’espace d’objets culturels dont la mobilité et la recontextualisation aboutit à des réinterprétations et à des recréations.

 

 

 

Bilan des participants 

Le colloque ENIUGH 2014 a été un succès en termes de participants. La cartographie de l’origine géographique des participants indique que l’un des objectifs du colloque, à savoir l’ouverture la plus large possible aux pays du Sud, est atteint, avec 55 pays représentés, dont 12 pays du continent africain.

 ENIUGH 2014 - Origine des participants
ENIUGH 2014 - Origine des participants
Crédits : J. Cavero / ANR-10-LABX-0099

> L’événement

 

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