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Dernière modification : 30 mars 2015

La parole en images dans les catéchismes pictographiques du Mexique et des Andes

Pierre DÉLÉAGE – LAS
2013

  Sommaire  

 Bilan

Nous avons souhaité clore le projet par une large réflexion comparatiste sur la transmission en images de la doctrine chrétienne. Nous avons organisé un atelier de recherche réunissant des spécialistes des écritures catéchétiques (historiens, historiens de l’art et anthropologues) afin de débattre des usages et de l’efficacité de l’image dans la transmission des préceptes chrétiens (Collège de France, annexe rue d’Ulm, 28-29 Novembre 2013).

En insistant tout particulièrement sur le contexte d’élaboration de ces productions et sur leurs usages au cours du temps, les présentations ont mis en avant les capacités pédagogiques, illustratives, descriptives, mais aussi spectaculaires et spirituelles, de l’image doctrinaire depuis le Moyen-Age et plus particulièrement dans le monde chrétien post-tridentin. Nous avons délibérément choisi de mettre en parallèle ces usages avec celui des écritures en images, ou pictographiques, en contexte missionnaire, ceci afin de confronter la gestualité et les stratégies orales associées à ces pratiques, rarement prises en compte dans les travaux scientifiques. Certaines de ces élaborations pictographiques empruntent également des traits iconographiques plus ou moins nombreux aux cultures auxquelles elles s’adressent [P. Déléage, B. Gaillemin & I. Yaya]. Un cas particulier est celui de la réutilisation d’une écriture chamanique locale chez les Nipa (Chine) par le père Paul Vial dans le but de transcrire et de diffuser les textes catholiques [A. Névot].

Les méthodes d’analyse mises en place pour la compréhension de ces corpus hétérogènes ont contribué à formuler des hypothèses permettant de remettre en contexte des images dont l’usage demeurait jusqu’à présent inconnu. Ainsi il apparaît que la question de l’usage de l’image doit être assortie d’une réflexion portant sur la volonté initiale de ses utilisateurs, celle-ci se distinguant du succès effectif de la méthode employée. Si le rôle pédagogique de l’image est généralement mis en avant, son utilisation a relevé dans de nombreux cas d’une utopie échouée. Il existe en effet une discordance entre l’argument initial - l’image comme outil outrepassant l’abîme linguistique, facilitant l’enseignement des illettrés ou des « simples d’esprit » - et le cadre de diffusion de l’image doctrinale : elle apparaît dans des manuscrits médiévaux à destination des élites [L. Kendrick], dans des ouvrages coûteux de l’époque moderne diffusés à peu d’exemplaires [J. Muller], elles ont été créées et implantées à l’initiative de personnalités en marge de l’Eglise [F. Trémollières & Y. Celton, A. Névot], et réutilisées à des fins identitaires [D. Tavarez ; I. Yaya & B. Gaillemin]. En somme, en rétablissant le cadre pragmatique de l’usage de l’image doctrinale, les présentations de cet atelier ont mis en évidence un important décalage entre la théorie de l’image et sa pratique. En ce sens, c’est non seulement l’éventuelle stabilisation d’une méthode (sa durée, son succès, sa portée) qu’il est nécessaire d’envisager, mais également le tissu de relations dans lequel elle s’insère en contexte d’usage : interactions instructeur-élève, rapport à la textualité, complémentarité avec l’oralité, le chant, la prosodie. Afin d’évaluer l’utilité pédagogique ou spirituelle de ces supports, il est donc essentiel de considérer sa relation aux textes et aux commentaires (écrits, oraux ou gestuels) ainsi que les procédés graphiques qui marquent l’emphase (couleurs, gestes et pointages, prononciation, répétition, aspect ludique du déchiffrement ; le « montage iconique » [R. Dekoninck]).

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