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Dernière modification : 26 mars 2018

Transferts entre la Grèce et l’Allemagne XIXe-XXe s.
Identités et imaginaires croisés de l’hellénisme

Servanne JOLLIVET – Pays germaniques
Depuis 2016

  Sommaire  

 Orientation des travaux

Ce travail, entamé en 2016, visait dans un premier temps à éclairer les filiations qui sous-tendent la philosophie grecque du côté allemand. C’est en effet dans la pensée allemande que les philosophes grecs, le plus souvent formés en Allemagne, ont puisé, que ce soit pour étayer la quête identitaire qui sous-tend le discours officiel ou pour asseoir leur critique à l’encontre de l’idéologie nationaliste, notamment sous Metaxas. Dans sa phase préparatoire, ce projet a bénéficié d’un travail de recherche bibliographique en Grèce, rendu possible par le soutien de la fondation Onassis. Un séjour de trois mois à Athènes, entre janvier et mars 2017 a ainsi permis de rassembler le matériel bibliographique lié à la question spécifique de l’hellénicité pour la « génération des années trente ». Le premier volet de ce travail a consisté à établir une bibliographie quasi-exhaustive des textes théoriques pendant l’entre-deux-guerres (1922-1945), travail principalement accompli dans le fonds de la bibliothèque Nikos Hadjikyriakos-Ghika, léguée au Musée Benaki, complété par les sources de la bibliothèque Gennadios, de la bibliothèque nationale et de la bibliothèque Lambridi léguée à l’Académie d’Athènes.

Pendant les années 1930, période d’intense modernisation, la notion d’hellénicité s’infléchit à travers des courants qui prônent, par réaction aux modèles éthérés d’une antiquité lointaine, un retour aux sources et à la tradition populaire. Cette opposition débouche sur une véritable polarisation dans le champ intellectuel qui oppose les partisans d’un retour à l’hellénicité aux « modernes », gagnés aux modèles et influences étrangères, ligne de fracture que l’on retrouve de manière prégnante depuis la fondation de l’Etat grec. L’intérêt d’une recherche spécifique sur cette période est précisément la synthèse qu’elle offre entre ces deux héritages traditionnellement opposés : l’héritage classique (dit hellénique, au sens étroit du terme) valorisé par la filiation occidentale, et l’héritage orthodoxe, position « syncrétique » qui vise à retrouver un juste équilibre dans les relations avec l’Occident.

Le second volet du travail accompli a porté sur les Lumières grecques (Diaphotismos), qui sont au cœur du processus de construction identitaire depuis la fondation de l’Etat grec, d’où une place particulière dans ce projet. Tour à tour remises en cause ou valorisées au nom d’une spécificité « néohellénique », l’interprétation des Lumières est d’autant plus complexe qu’elle se double, dans le cas grec, d’une référence à l’antiquité, à travers le mythe d’un « miracle grec » mobilisé par le philhellénisme éclairé allemand, et contre le modèle rationaliste français. Nous avons ainsi tenté de voir comment la question de l’identité grecque (hellénicité) se cristallise précisément à la croisée de ces transferts, entre la référence à l’héritage révolutionnaire français et la filiation romantique allemande héritée de l’Aufklärung. Un premier travail sur l’œuvre de Panagiotis Kondylis nous a ainsi permis d’entamer ce travail, que nous prolongerons en explorant de manière quasi-exhaustive le corpus philosophique au XXe siècle. 

Enfin, dans la perspective d’une ouverture du projet vers la Chine, visant à confronter, en partant de l’étude des transferts depuis l’Antiquité, des problématiques communes liées aux réappropriations européennes de l’héritage antique, nous avons amorcé un travail commun avec XIE Jing, une collègue philosophe de l’Université Fudan (Shanghai), avec qui nous sommes en contact depuis décembre 2015. Un projet commun est actuellement en préparation liant ces réflexions sur l’héritage antique, dans une perspective comparatiste Grèce ancienne/Chine ancienne.

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