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Transferts culturels - colloques à l’international
Depuis 2013
- Asie centrale, p1
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Asie centrale
Septembre 2013
Transferts culturels en Asie Centrale : avant, pendant, après la Route de la Soie
Colloque co-organisé par le labex TransferS et l’Institut international des études centrasiatiques (IICAS) de l’UNESCO, Samarcande (Ouzbékistan)
Jusqu’à une date récente, la réflexion théorique sur les transferts culturels n’a que rarement débordé du cadre constitué par les cultures européennes, russe comprise, en dépit du fait que certains éléments de ce type d’analyse ont été déjà appliqués par les archéologues aux données centrasiatiques. En décloisonnant l’approche initiale, essentiellement eurocentriste, pour se rapprocher d’autres types de transferts dans d’autres espaces culturels, le colloque vise à questionner sur le terrain de l’Asie centrale l’efficacité des théories sur les transferts culturels et leurs concepts opérationnels (vecteurs de communications, processus de réception, innovations, appropriations, réinterprétations, adaptation, resémantisation, transformations, métissages, etc.). En d’autres mots, le but du colloque est d’étudier aussi bien les concepts, les idées, les techniques, les religions, etc., qui ont été véhiculés le long des voies de communications transcontinentales à travers l’Asie centrale, que les moyens qui ont été utilisés et leur réception, leurs métissages et leurs transformations et adaptations.
Par Asie centrale nous entendons ici l’ensemble des anciennes républiques soviétiques centrasiatiques et les territoires avoisinants du Xinjiang, de la Mongolie, de l’Afghanistan, de l’Iran, de l’Azerbaïdjan ou pour utiliser des dénominations anciennes la Sogdiane, la Bactriane, la Transoxiane, le Turkestan, etc.
L’Asie centrale offre dans la très longue durée un terrain d’étude optimal pour ce type d’enquête. Que l’on considère les contacts d’Alexandre avec les Scythes, des Sogdiens avec les Chinois ou les Arabes, enfin des Ouzbeks avec les Tadjiks ou les Persans, puis avec la Russie, on a affaire à une stratification extrêmement complexe de transferts culturels aussi bien synchroniques que diachroniques. D’ailleurs, chaque strate a laissé suffisamment de traces pour que leurs interactions fassent l’objet d’une étude globale.
Les transformations historiques de l’Asie centrale – un carrefour où tout converge et d’où tout diverge – ne sont pas réductibles aux théories des « influences culturelles », des « échanges culturels » ou du « dialogue des cultures ». L’analyse de la région ne peut pas davantage se borner à l’unique concept de la « Route de la Soie », une construction économico-socio-politique au singulier, inventée au XIXe siècle par Ferdinand de Richthofen et parfois présentée comme la seule notion apte à expliquer la diversité des paysages culturels de l’Asie centrale, à la fois hybrides et homogènes. Tenant compte de ces approches, tout en gardant volontairement une certaine distance par rapport à elles, les organisateurs du colloque voudraient suggérer que la « Route de la Soie », prise comme un phénomène historiquement limité, peut être analysée comme pur symbole des transferts culturels qui se sont manifestés dans le cadre bipolaire Orient-Occident. Elle doit aussi être appréhendée comme lieu de croisement des cultures multiples issues des civilisations qui viennent s’y rencontrer (mondes iranien, scythe, indien, chinois, arabe, turc, russe, européen).
Cette tentative d’appliquer la théorie des transferts culturels à l’histoire de l’Asie centrale diffère par sa structure des analyses précédemment menées dans cette direction. Sans vouloir se limiter à une période historique, ni à un cadre local – tant national qu’ethnique – les organisateurs du colloque proposent de discuter d’un certain nombre de sujets dans la perspective du « temps long », de l’époque antique et médiévale à l’époque moderne impériale et contemporaine.
Au-delà d’une indispensable synthèse de travaux préalables et sans vouloir reprendre tous les aspects d’une histoire déjà en partie écrite, il s’agirait de mettre à l’épreuve, à partir d’exemples précis, une approche théorique des relations entre les cultures, en mettant en relief des régions géographiques et les moments-clé des transferts, engendrant des recréations et reformulations liées au passage d’un contexte culturel à l’autre. L’attention porterait moins sur les programmes politiques ou culturels des envahisseurs que sur les glissements sémantiques résultant des transferts.
Les transferts en Asie centrale relèvent d’abord de l’archéologie, puis de l’histoire de l’art, de l’histoire des religions, et enfin de l’histoire des sciences humaines, mais ils ont aussi une dimension littéraire et linguistique. Dans le contexte de l’Asie centrale les transferts culturels ne peuvent en aucun cas s’appréhender à partir d’une unique discipline.
Indépendamment de l’apport que peut présenter la modélisation de tels transferts pour une meilleure compréhension d’un paysage culturel complexe, on pourra espérer retirer de ce travail toute une série de renseignements sur l’application à l’Asie centrale des résultats de la recherche sur les transferts culturels et dresser des parallèles avec les transferts liés à d’autres géographies culturelles.