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Présences du passé. Histoire et théorie de l’Histoire à partir de Koselleck.
Presences of the Past. History and Historical Theory from the perspective of Koselleck
Colloque international - Jeffrey Andrew Barash, Christophe Bouton et Servanne Jollivet (org.)
Argumentaire
Pionnier et acteur majeur des grands débats historiographiques en Allemagne depuis les années 1960, membre fondateur de « l’école de Bielefeld », Reinhart Koselleck est sans conteste l’un des historiens les plus importants de sa génération. De ses recherches sur la Sattelzeit, période charnière qui voit basculer la modernité au tournant de la fin du XVIIIe siècle au projet colossal du dictionnaire des Concepts historiques fondamentaux, qu’il lance avec Werner Conze et Otto Brunner à la fin des années 1960, jusqu’aux recherches plus récentes sur l’iconologie politique et les monuments aux morts, ses travaux ont marqué et renouvelé en profondeur le champ historiographique. Si certains aspects de son œuvre sont plus connus, notamment sa dimension théorique sous l’effet de sa réception par certains historiens et philosophes, tels François Hartog ou Paul Ricoeur, cette réception en France n’en reste pas moins encore relativement tronquée.
La première visée de ce colloque est d’élargir le spectre de la réception de son œuvre, à la fois au niveau international, mais également sur le plan des thématiques et perspectives abordées. Nous nous intéresserons au premier plan non seulement aux enjeux théoriques et méthodologiques de son approche, mais également à la fécondité qu’elle peut revêtir en termes de recherches empiriques. L’un de ses intérêts majeurs est en effet de nous permettre de dépasser les clivages, entre théories et approches empiriques, mais également au sein même de la discipline historique (entre histoire conceptuelle, sociale, culturelle et politique) ou plus généralement en sciences sociales.
Si nous souhaitons éclairer son travail, et en souligner la dimension éminemment plurivalente et la complexité, nous serons néanmoins également amenés à en interroger les éventuelles limites et apories, tout en poursuivant sa réflexion dans des domaines qu’il a lui-même contribué à frayer. Il s’agira ce faisant de voir en quoi et comment sa pensée peut être revisitée, élargie, reformulée, voire transposée d’un champ, d’un domaine ou d’une discipline à l’autre. C’est notamment le cas de l’histoire conceptuelle dès lors qu’elle sort du cadre étroitement national pour faire place aux différents transferts, réseaux et modes de circulation, ou de sa réflexion sur l’historicité humaine et ses différentes modalités temporelles.
Description
Reinhart Koselleck, who was a primary participant in a series of historiographical debates in Germany since the 1960s and a founding member of the « Bielefeld School », was one of the most significant historians of his generation. His studies of the Sattelzeit, the decisive moment of transition to modernity at the end of the 18th century, the multi-volume dictionary Geschichtliche Grundbegriffe, which he organized with Werner Conze and Otto Brunner at the end of the 1960s, his work on historical theory, and his more recent investigations of political iconology, notably in relation to war monuments, have been a notable source of influence and innovation in a number of different fields. If certain aspects of his thought are well known today, above all in the domain of historical theory, thanks to the analyses of François Hartog or Paul Ricœur, the reception of his thought in France remains lacunary.
The primary purpose of this interdisciplinary colloquium is to broaden the scope of reception of Koselleck’s œuvre at an international level and to widen the range of themes and perspectives in terms of which it is investigated. We seek to highlight not only the theoretical and methodological aspects of his orientation, but also its role for empirical research. It will be important in this regard to surmount as far as possible the division between theoretical approaches and empirical research, between different historical disciplines (conceptual, social, cultural, or political history) and between the different social sciences more generally.
In undertaking the task of elucidating his work, and of highlighting the multiplicity and complexity of its dimensions, we also aim to place in evidence its limits and blind spots, while further pursuing his reflection in the domains that he himself investigated. It will be important here to determine the manner in which his thought might be reexamined, reformulated, extended, and indeed transposed from one field or discipline to another. This is notably characteristic of conceptual history, where it is extended beyond a narrow national context to encompass different forms of transfer, and the multiplicity of networks and modes of circulation that characterize it in a global framework. It also calls for a closer scrutiny of Koselleck’s reflection on human historicity and its temporal modes, which is open to a certain number of qualifications and questions.