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Dernière modification : 9 octobre 2018

La monnaie témoignage des transferts

Georges DEPEYROT – AOrOc
Depuis 2012

  Sommaire  

 Description

 

ANR DAMIN

Le programme ANR DAMIN (la Dépréciation de l’Argent Monétaire et les relations Internationales, 2011-2015) DAMIN se focalise sur l’étude des transferts des métaux précieux entre le milieu du XIXe siècle et la guerre de 14-18, période caractérisée par la découverte de nouvelles mines et une amélioration des techniques d’extraction. La mise sur le marché de ces masses considérables de métal a permis dans un premier temps l’expansion économique, puis l’intégration de nouvelles zones dans l’économie mondiale grâce à la monétarisation de leur économie : machines, techniques, modèles, types monétaires étaient exportés d’Europe.

L’augmentation brutale de la production d’argent et le développement de l’étalon or dans les années 1870 sont à l’origine de la dévalorisation de l’argent. Petit à petit, les principaux pays passent le l’utilisation de l’argent ou du bimétallisme à l’étalon or, déjà adopté au Royaume-Uni (1816), en Australie et au Canada (1852-53) et au Portugal (184) : Allemagne (1871), Danemark (1872), États-Unis, Suède, France, Belgique, Italie et Suisse (1873), Norvège et Pays-Bas (1875), Espagne (1876), Serbie (1878), Autriche (1879), Russie et Inde (1893), Japon (1897), etc. Toutes ces transformations furent à l’origine de crises et spéculations financières, le ratio or/argent n’étant pas le même au même moment aux Etats-Unis, en Europe et en Asie.

Nous nous intéressons également à la production de métal – principalement en Amérique latine et dans l’Ouest des USA –, à la diffusion de ce métal vers l’Asie et l’Europe, sa réexportation d’Europe vers l’Asie (en particulier après l’adoption du mark-or par l’Allemagne et la vente des stocks d’argent), puis à la surproduction d’argent et aux vaines tentatives de créer une zone monométallique argent en Asie et enfin l’adoption de l’or par un Japon glissant vers l’impérialisme militaire et économique.

Le programme DAMIN cherche à analyser cet important phénomène de première globalisation financière et ainsi comprendre la réalité de la production d’argent et d’or, ses conséquences et l’importance de chaque zone économique. Le programme inclut tous les pays concernés par la question de l’argent : États-Unis, Amériques latine, Europe, Inde, Chine, Japon et s’intéresse à toutes les questions connexes : prix, transport, import/export…

Ce programme, qui a pris fin en décembre 2015, a donné naissance à divers nouveaux projets visant à approfondir nos études sur les développements économiques monétaires.

 

L’ouverture monétaire de la Chine

Le développement de l’économie monétaire de type occidental (c’est-à-dire basé sur un système constitué de monnaies de métal précieux) a été un phénomène lent. Il a été marqué par des ruptures et des étapes comme la colonisation qui a substitué aux moyens d’échange traditionnels (par exemple les cauris, les tissus, les perles en Afrique, les pains de sel ou de fer ou les monnaies de cuivre coulé en Asie, etc.) des systèmes européens.

Alors que l’Asie adoptait lentement les usages européens, soit par la force (invasion et colonisation de l’Asie du Sud-Est), soit par des traités plus ou moins négociés (Japon), la Chine restait attachée à un système composé d’une part de monnaies de cuivre coulé dont la production dépassait les 3 milliards de monnaies par an dès le XIXe siècle et d’autre part de lingots dont l’alliage était vérifié (et estampillé) par les fondeurs mais dont le poids était aléatoire. Les monnaies occidentales étaient d’ailleurs considérées comme de simples lingots et étaient estampillées par les vérificateurs, puis circulaient au poids.

Les deux guerres de l’Opium (1839-1842, puis 1856-1860) avaient pour objet d’imposer à l’Empire chinois la libre importation des marchandises (dont l’opium). Les puissances occidentales ont souhaité lui imposer l’adoption d’un système monétaire compatible avec celui de l’Occident d’une part pour faciliter les échanges et d’autre part pour s’assurer du remboursement des prêts en bonne monnaie, de poids et d’alliage normalisés.

Les réticences chinoises ont été très fortes et l’Angleterre a cru pouvoir contourner la difficulté en ouvrant un atelier monétaire équipé de machines Watt et Thonnelier à Hong Kong. Elle espérait imposer l’usage de ces nouvelles monnaies dans les grands ports du Sud, Hong Kong, Canton, Macao, etc. Cette tentative se solda par un échec (G. Depeyrot, Rise and fall of the Hong Kong Mint (7 May 1866 – 25 April 1868), Collection Moneta, 167, Wetteren, 2013, 340 p.) et l’atelier fut vendu aux Japonais qui l’installèrent à Osaka.

Le projet vise à tenter d’approfondir la connaissance de cette histoire monétaire Sino-Occidentale.

 

The Variety of Exchange and the Character of Money

Colloque financé par labex TransferS et la Japan Society for the Promotion of Science (projet No 26285073)

Personne ne peut nier que l’argent est un moyen d’échange. Cependant, historiquement, les échanges ont utilisé des méthodes différentes, et les dispositifs utilisés pour ces échanges ont évolué en fonction de ces caractéristiques.

Tous les échanges ont deux caractéristiques binaires. La première caractéristique est le degré de familiarité des participants : un échange peut se faire de façon anonyme. Le degré de familiarité ne veut pas dire qu’un vendeur ou un acheteur sont des connaissances ou pas, mais si le lien autorise des transactions ultérieures.

La deuxième caractéristique d’un échange est sa distance. Par distance on ne se réfère pas simplement à la distance physique, mais plutôt à la taille de la valeur de l’échange et de sa fréquence. Les échanges de proximité ont tendance à être de faible valeur et à être faits plus fréquemment que les échanges lointains. En outre, dans les sociétés agricoles, le premier est plus affecté par la saisonnalité que le second.

Tous les échanges possèdent ces caractéristiques de familiarité et de distance.

L’objectif de cet atelier était de comparer les pratiques et d’indiquer par la suite pourquoi l’argent ne peut pas être uniforme.

 

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