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Fictions épistolaires dans la littérature grecque antique
Colloque international
- Présentation, p1
- Programme, p2
16 & 17 novembre 2017
Université Humboldt, Berlin
Organisation : Emeline Marquis (Alexander von Humboldt-Forschungstipendiatin, Humboldt-Universität zu Berlin, Institut für klassiche Philologie, 2016-2018 / UMR 8546-AOROC, CNRS-ENS, Paris)
Avec le soutien de :
- Fritz Thyssen Stiftung
- Institut für klassische Philologie der Humboldt-Universität zu Berlin
- labex TransferS (ENS – Collège de France / PSL)
Présentation
Nombreuses sont les lettres antiques qui on pâti de l’accusation d’inauthenticité. N’étant pas de la main de celui qui est supposé être leur auteur (qu’il soit homme d’État, philosophe ou lettré), elles sont perçues comme des « faux » : des supercheries, des tromperies, des falsifications visant à manipuler un lecteur naïf. Les termes très négatifs qui les désignent laissent percer un jugement moral. N’étant pas labellisées « authentiques », elles n’offriraient que peu d’intérêt au critique, qui se doit de les aborder avec un regard suspicieux et réprobateur. Mais un lecteur est-il nécessairement un naïf ? Ne peut-il pas les lire pour ce qu’elles sont : des inventions de l’esprit ? Plutôt que d’envisager ces lettres sous l’angle de leur authenticité, il paraît plus fructueux de les étudier comme des œuvres littéraires en les abordant sous l’angle de la fiction. Ce faisant, on rapprochera ces lettres pseudépigraphes du corpus des lettres et recueils épistolaires fictifs : des textes, qui, parce qu’ils sont mis sous le nom d’un écrivain à la célébrité acquise, sont reconnus d’emblée comme des compositions imaginaires – on songe notamment aux productions de la Seconde sophistique (lettres d’Alciphron, d’Élien, de Philostrate, etc.).
C’est donc à la fiction épistolaire dans la littérature grecque antique que ce colloque est consacré. Il s’inscrit dans la lignée des études récentes consacrées à l’épistolaire antique et contribuera, nous l’espérons, au développement de ce champ de recherche qui souffre encore, bien injustement, d’une mauvaise image. On s’intéressera aux spécificités de la fiction par lettre(s), et on cherchera à analyser ses formes, ses fonctions ainsi que ses effets. Seront pris en compte les lettres et recueils de lettres constituant une œuvre à part entière ; on laissera de côté les lettres fictives insérées dans des textes plus vastes. Le but est de couvrir la littérature grecque de la période classique jusqu’à l’Antiquité tardive, en associant productions épistolaires païennes tout autant que chrétiennes.
Tout d’abord, la forme prise par ces fictions épistolaires n’a rien d’anodin. Il peut s’agir d’une lettre unique, d’un échange épistolaire entre deux ou plusieurs correspondants, des archives d’un seul épistolier, d’un recueil de lettres unis par une même thématique, etc. Simple collection ou véritable roman par lettres, on s’intéressera aux potentialités narratives ainsi offertes.
L’univers que ces lettres fictives construisent mérite également qu’on y prête attention : quel en est la géographie ? Dans quelle temporalité se développent-elles ? Quels personnages ces fictions mettent-elle en scène ? On se demandera en particulier qui est « sous les feux des projecteurs », car il n’y a pas nécessairement égalité de traitement entre émetteur et destinataire des lettres et la figure de l’auteur apparaît souvent derrière ses personnages.
Une autre piste de recherche porte sur la manière dont la narration se développe. Car l’épistolaire peut se rapprocher de l’écriture du fragment : il n’y a pas nécessairement de continuité d’une lettre à l’autre, le lecteur secondaire (par opposition au destinataire de la lettre) ne possède pas l’ensemble des informations contextuelles. La lettre est aussi le lieu de l’implicite, des non-dits. L’ordre même dans lequel les lettres d’un recueil sont présentées affecte la narration : sont-elles placées chronologiquement ou selon un autre type d’organisation ? Sauts, omissions, retours en arrière, explications après-coup, la fiction épistolaire peut prendre des allures de kaléidoscope.
D’ailleurs, ces fictions prennent-elles toujours la forme d’une narration ? En outre, l’écriture épistolaire n’est pas seulement fragmentaire, elle est aussi subjective. Comment les fictions par lettre que nous nous proposons d’étudier jouent-elles avec les variations de points de vue ? Quelle vérité ces lettres donnent-elles à lire ?
Enfin, on s’interrogera sur le rapport que l’auteur de fiction épistolaire entretient avec son lecteur. Quelle position est-elle conférée au lecteur ? L’auteur met-il en place un double discours par la voix de ses personnages ? Quel est l’effet attendu ? Certaines épistoliers n’hésitent pas à présenter des « faits alternatifs », à réécrire l’histoire d’une manière bien éloignée de la tradition. Jouant de l’intertextualité, elles supposent un lectorat érudit, à même de saisir leur portée métalittéraire et de réfléchir sur leur fictionalité.
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Entrée libre. Inscription préalable (par email) souhaitée : 16 & 17 novembre 2017
Humboldt-Universität zu Berlin
Institut für klassische Philologie Unter den Linden 6
D-10099Salle 2249a