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Dernière modification : 17 mars 2017

Changer d’échelle pour renouveler l’histoire de la Shoah

Claire ZALC – IHMC
2011-2012

  Sommaire  

 Bilan

Ce projet faisait suite aux journées d’études organisées par l’IHMC les 9 et 10 juin 2011, et intitulées « Changer d’échelle pour renouveler l’histoire de la Shoah. Approches monographiques et prosopographiques », qui ont donné lieu à la publication sous la direction de Claire Zalc, aux éditions du Seuil, d’une livraison de la revue Le Genre humain en septembre 2012.

Tout en questionnant la spécificité de la focale « micro » sur plusieurs types de terrains (étude des trajectoires d’une ou plusieurs familles, suivis de convois, histoires d’un ghetto, d’un camp, d’une ville, d’une région…) et ses apports dans la compréhension de l’histoire des persécutions, nous y avions également constaté la nécessité de disposer de comparaisons plus nombreuses et plus riches avec d’autres terrains européens de mise en œuvre de la Shoah. La démarche nous était apparue insuffisante : il fallait, pour aborder les différentes historiographies nationales sur ces approches, et pour éprouver les circulations historiographiques, étendre le spectre d’analyse bien au-delà des frontières françaises et européennes de l’espace académique.

C’est ainsi qu’avec Tal Bruttmann (Ville de Grenoble), nous avons alors décidé de mettre sur pied un colloque international intitulé « Changer d’échelle pour renouveler l’histoire de la Shoah / Changing Scale. Exploring the micro history of the Holocaust ». La rédaction et la diffusion d’un appel à communications fut le préalable à cette organisation, en janvier 2012. Or à notre grande surprise, nous avons reçu près de 150 propositions de communication venues de 22 pays différents. Le choix n’a pas été facile et a mobilisé l’énergie d’un comité d’organisation composé de Tal Bruttmann (Ville de Grenoble), Ivan Ermakoff (Université de Madison), Nicolas Mariot (CNRS) et moi-même (IHMC). Mais nous avons également sollicité les conseils du comité scientifique pour l’occasion, composé d’Annette Wieviorka (CNRS), Maurice Olender (EHESS), Jan Grabowski (Université d’Ottawa), Jan Gross (Université de Princeton), Dieter Pohl (Université de Klagenfurt) et Omer Bartov(Brown University). Il a fallu décider de passer des deux jours initialement prévus à trois journées, avec une session dédoublée, se mettre en quête des financements conséquents, pour parvenir, finalement, à un programme ambitieux, qui a réuni 47 contributeurs venus de 11 pays différents (cf. programme en ligne sur le site Transfers). 

C’est parce que nous considérons que la microhistoire n’est pas de l’histoire locale, que nous avons privilégié les propositions qui prenaient en compte le jeu entre les différentes échelles. Les différentes communications ont contribué à se déprendre du schéma labroussien où la synthèse historique serait formée de l’agrégation de parties monographiques, accumulées comme autant de pièces d’un puzzle. Nous nous inscrivons en outre dans un temps historiographique singulier : d’une part, les survivants ne sont souvent plus là pour pouvoir raconter leurs parcours, « l’ère du témoin » (A. Wieviorka) touche à sa fin. D’autre part, les archives ont fait l’objet d’ouvertures impressionnantes, sous l’influence de changements politiques internationaux – les années 1990 et la fin des régimes communistes –, nationaux – la mission Mattéoli en France et ses suites– mais également sous celle de politiques mémorielles – ainsi par exemple de la numérisation massive des fonds de l’International Tracing Service par l’United States Holocaust Memorial Museum (USHMM) de Washington à partir de 2007. Ces raisons engendrent une modification des points de vue qui rend possible de nouvelles approches. L’enjeu est de taille dans l’écriture comme dans la transmission de l’histoire de la Shoah car les témoins sont de moins en moins nombreux pour témoigner. Mais il l’est également par le renouvellement des connaissances que porte en lui ce changement d’optique. Nous sommes revenus en détail durant ces trois jours sur les apports et difficultés liés à ces renouvellements de connaissance : que faire quand les témoignages sur un même fait divergent ? Comment utiliser les sources archivistiques produites dans un contexte de persécution ?

Ce colloque qui a attiré pendant chaque journée plus d’une centaine d’auditeurs (en plus des intervenants), fut un véritable succès grâce à la qualité des interventions comme des discussions, mais également de l’intervention déterminante, tout au long de l’année 2012, du labex TransferS. J’aimerais en particulier insister sur l’importance de la participation, au nom du Labex, d’Annabelle Milleville dont les talents d’organisatrice n’ont d’égal que son énergie, son tact et sa bonne humeur. L’organisation de cette manifestation, je me permets d’y insister, a requis un temps et une énergie considérables à rechercher financements et soutiens auprès de partenaires institutionnels (ENS, CNRS, région Ile de France, Labex TransferS, Archives nationales, Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du Ministère des anciens combattants, ainsi que l’Institut universitaire de France) et privés (Mémorial de la Shoah, Fondation pour la mémoire de la Shoah). De plus, le choix d’organiser le colloque dans trois lieux différents (ENS, Mémorial de la Shoah et Archives nationales dans son nouvel auditorium de Pierrefitte-sur-Seine, inauguré pour l’occasion) était ambitieux mais a requis une intendance parfois lourde et complexe. La traduction simultanée en anglais et français tout au long des trois jours a requis des intervenants de rendre des textes à l’avance ce qui nous a permis de constituer dores et déjà un volume de pré-actes du colloque, réalisé par Virginie Durand, pas d’importance dans la préparation d’une future publication.

Du point de vue de la communication, les débats furent enregistrés et filmés pendant la première journée à l’ENS. Une émission de « La Fabrique de l’histoire », France Culture, fut consacrée à la manifestation la semaine précédant le colloque, le 29 novembre 2012 (9-10h).

 

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