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Recommencements de la Grèce
Transmission et innovation philosophique de l’Antiquité à l’Âge classique
Marwan RASHED – AOrOc
2012-2013
Résumé
Héritée des anciennes répartitions académiques, elles-mêmes fondées sur une conception caduque de l’histoire et de ses périodisations, la démarcation entre sciences de l’Antiquité et études médiévales d’une part – confiées aux historiens – études arabes d’autre part – laissées aux Orientalistes – a eu des conséquences importantes et néfastes sur notre compréhension de l’histoire de la philosophie et des sciences. Elle nimbait la science hellène d’une aura incomparable, la soustrayant par là-même aux droits d’une analyse objective des contenus de savoir ; elle dégradait les héritiers des Grecs aux rangs de simples transmetteurs, par principe incapables de pénétrer toutes les subtilités du génie hellène ou du moindre apport créatif à l’histoire de la philosophie et des sciences ; enfin, elle conduisait à voir dans toutes les manifestations intellectuelles de pointe des XVIe et XVIIe siècles un recommencement radical, permis seulement par le « retour » au legs miraculeux de l’Antiquité. En construisant ainsi l’histoire à coups de miracles – miracle de la Grèce antique et miracle de sa « Renaissance » –, on perdait de vue ce qui précisément, dans les savoirs des époques considérées, était vraiment original.
Étrangement, l’histoire de la philosophie pratiquée à l’École normale supérieure, en dépit de son rôle académique pilote tout au long du siècle dernier, a été peu affectée, en ce domaine, par les approches de ces dernières décennies. La cause en était peut-être due à la préparation du concours de l’agrégation qui, comme chacun sait, impose aux enseignants de se confiner dans un seul champ académique, aux frontières fixées par le cadastre des anciennes études littéraires, avant donc les progrès accomplis en histoire de la philosophie médiévale et en l’histoire de la philosophie et des sciences arabes.