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Dernière modification : 22 mars 2018

Le tombeau des Trois Frères à Palmyre
Transferts culturels et antiquité entre Orient et Occident

Claude VIBERT-GUIGUE – AOrOc
2015-2018

  Sommaire  

 Description

 

Contexte

Découvert, du moins à un niveau scientifique, en 1894-5 par le danois J. Østrup puis l’allemand M. Sobernheim, ensuite exploré et documenté par les archéologues de l’Institut russe de Constantinople, puis publié par Farmakovski en 1903 à partir de ces documents, le tombeau a bénéficié d’une série de travaux dont il ne nous reste, pour l’instant, que la faible partie effectivement publiée.

Dans le cadre d’une coopération scientifique avec la Direction générale des Antiquités à Damas, l’équipe franco-syrienne de l’AOrOc s’est attachée entre 2004 et 2009 à dresser en guise de mesure conservatoire un constat d’état pluridisciplinaire touchant une des plus célèbres compositions funéraires du Proche-Orient antique. D’emblée une série d’inscriptions araméennes inédites ont été découvertes et alimentent la réflexion sur les interrelations et les transferts entre les différentes cultures qui se sont partagé la Syrie antique. Le dépôt d’un manuscrit illustré en conséquence est prévu dans une perspective de publication dans une collection de l’Ifpo.

La prise de Palmyre en mai 2015, puis sa libération au printemps 2016 ont constitué des éléments de notre réflexion, en particulier sur le sort que subissent les vestiges in situ, et sur la manière dont ceux-ci sont perçus par les uns (le tombeau ne pouvait qu’être détruit) et par les autres (qui devinaient malgré un badigeon récent des parties figurées). Ce conflit d’impressions vécu avec un décalage dans le temps (un an pour avoir un témoignage de visu in situ) fut relativement apaisé, le tombeau n’ayant pas subi la poudre. Il a été transformé en bureau habité, les parties figurées du décor étant blanchies.

 

Recherches sur les travaux anciens

Afin de retrouver les archives, deux missions ont été effectuées en 2015 :

  • À Saint-Pétersbourg, une liste de documents photographiques retrouvée, dont il reste à vérifier le contenu. À la suite des contacts pris, A. Nikitine, conservateur au Musée de l’Ermitage, a fourni un article destiné à la publication finale.
  • À Copenhague, des rencontres avec R. Raja (Palmyra Portrait Project, Université d’Aarhus, Académie royale danoise des Sciences et Lettres) et A. Sørensen ont ouvert la voie à une collaboration fructueuse touchant les travaux danois à Palmyre, tant à l’extrême fin du XIXe siècle que dans les années 20 avec H. Ingholt et ses études sur les tombeaux peints. Un travail de traduction des textes russes, danois et allemands constitue un volet appréciable de la publication.

 

Pour ce qui concerne l’histoire des découvertes, ce sont les conditions de possibilité de ces premières explorations, leur méthodologie et les théories historiques et archéologiques qui les sous-tendent qu’il nous paraît indispensable d’intégrer à la publication du tombeau. En effet ces travaux s’inscrivent dans un contexte largement dominé par la science allemande d’alors, de sorte que les présupposés de cet héritage germanique transparaissent dans les approches et les publications. Dans la seconde moitié du XXe siècle, les archéologues polonais se sont largement investis sur le site : le principal d’entre eux, M. Gawlikowski, a accepté de se joindre au projet et de développer cet apport dans l’archéologie funéraire. Enfin la présence au sein de l’AOrOc de deux archéologues syriens donne l’opportunité d’associer étroitement leurs recherches, tant sur l’archéologie funéraire que sur la place du médio- et du néo-platonisme dans les choix iconographiques du tombeau.

3ème journée d'études palmyréniennes
3ème journée d’études palmyréniennes - février 2016
Présidence de Véronique Schiltz

Les recherches sur les travaux anciens se sont poursuivies à la lumière de la rencontre internationale du 3 février 2016 où sous l’égide de V. Schiltz nos collègues danois et syriens ont présenté divers aspects du tombeau (découverte, typologie, pensée funéraire). Des recherches à la bibliothèque Farnèse de l’Ecole française de Rome nous ont permis de consulter un original de l’article de Farmakowski (1903) dont la traduction est portée dans notre manuscrit. L’observation des planches illustrées a permis de compléter le scénario lié au moment que représente la descente (difficile) dans l’hypogée par les premiers explorateurs allemands, plutôt que par le danois Østrup qui aurait visité un tombeau similaire. L’hypothèse (non vérifiable actuellement) de structures jumelles, mettrait en relief la particularité rare du tombeau des Trois Frères de présenter une exèdre peinte dans l’axe, et non sur un côté. La part des travaux danois n’est pas en reste dans le domaine des études palmyréniennes. En deuxième génération le savant Ingholt fît un passage studieux à Paris, avant de dégager d’autres tombeaux peints. Depuis, nous suivons la trace de fragments de peinture donnés pour étude à l’Ecole des mines à Paris. Ce travail sur les archives reste ouvert, la consultation de sites internet montrant l’efficacité de la quête de documents mis en ligne à l’occasion d’une période de conflit.

 

Deux rencontres de travail ont également été organisées à l’ENS en 2016 :

  • en avril autour du thème d’« Achille sur scène » (lunette du tombeau présentant l’épisode de Skyros) et des conceptions philosophiques en contexte funéraire
  • en juillet autour du thème « La phase post conflit ». Disposant de clichés des peintures badigeonnées, nous avons rouvert le débat autour de l’apparition de doctrines officielles au XIXe s., « Guerre aux badigeonneurs – guerre aux débadigeonneurs ! »,dont le Bulletin archéologique se faisait l’écho (révolte publique contre les actions de badigeonnage ou débadigeonnage menées par « des espèces de Normands dévastateurs »).

 

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