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Archives de la recherche
Mireille DELBRACCIO – CAPHÉS
2014
Bilan
La valorisation des données de la recherche de l’ENS a trouvé sa première mise en œuvre auprès de l’UMR d’archéologie, Archéologie et Philologie d’Orient et d’Occident (AOrOc, UMR 8546), abritant de très nombreuses archives, dont celles de Syrie et d’Afghanistan.
À la suite des recherches menées entre 1964 et 1978 sur le site d’Aï Khanoum (Afghanistan) sous la direction de Paul Bernard, et interrompues en raison des événements politiques, l’essentiel des archives de la fouille a été rapatrié à l’AOrOc. Le traitement documentaire des archives de la fouille d’Aï Khanoum (pour lequel le travail de Valentin Noël doit être souligné) a permis de sensibiliser la communauté des archéologues à sa production d’archives et à leur devenir : collecte, traitement du fonds, conservation, cotation, communication des documents, tous les aspects de l’archivistique ont été ainsi abordés.
Pour le traitement des documents proprement dit, la première opération a été le récolement de toutes les pièces. Cela a permis à la fois de prendre connaissance du fonds dans son intégralité et d’établir la liste précise du matériel de conservation nécessaire pour la conservation du fonds sur le long terme (boîtes, classeurs pour diapositives en carton neutre, chemises en papier neutre, pochettes et rouleaux en polyester pour les photographies et les négatifs photographiques). Puis, une réflexion a été menée sur le plan de classement. Un plan par type de documents a finalement été préféré à un plan dans l’ordre des chantiers, ce dernier impliquant un recours trop massif aux « fantômes » (repères qui remplacent dans la boîte d’archives un document absent parce que rangé ailleurs), et sans doute une manipulation inutile du fonds. Par conséquent, un plan de classement respectueux des documents et plus commode à l’usage a été adopté. Le service des archives de la MAE a d’ailleurs fait le même choix. En effet, une fouille génère des documents multi-supports : des carnets et dossiers de fouilles, des plans, des diapositives, des photographies, des fiches d’objets, autant de supports spécifiques qui justifient, pour être conservés de la meilleure façon, de rester regroupés. Les plans sont restés dans le meuble à plans, mais ils ont été triés et classés. Ensuite, une cotation a été mise en place pour ce fonds en particulier, mais aussi dans la perspective du traitement des fonds à venir. Un système simple, facilement reproductible, a été choisi, une cote servant avant tout à localiser un document pour le communiquer. À ce moment du traitement, il est important de faire la part entre l’ordre intellectuel du classement et l’emplacement physique d’un document et de créer des cotes qui relèvent seulement du second critère, le premier étant déjà rempli par le plan de classement. Enfin, un membre de l’équipe d’AOrOc, François Ory, a été initié à la communication des archives. Il est, en effet, impératif qu’une seule personne manipule les documents pour les communiquer pour la préservation des documents et celle du classement rigoureux.
Si nous avons autant insisté sur le traitement documentaire du fonds, c’est qu’il constitue l’étape préalable à la mise en valeur des données de la recherche. Il a, en effet, permis la conception de la plaquette commémorant les 50 ans de la découverte de la fouille et l’organisation d’une exposition.
La plaquette Il y a 50 ans… la découverte d’Aï Khanoum (De Boccard, 2014), témoigne de l’histoire de la fouille et rend compte des découvertes nombreuses et de première importance qui ont été faites sur ce site archéologique aujourd’hui pillé, et par conséquent détruit.
Une exposition a été présentée au public dans deux lieux de l’ENS, du 3 au 29 novembre dans le hall d’entrée du 45 rue d’Ulm, et du 17 au 29 novembre dans la Salle historique de la Bibliothèque d’Ulm-Lettres et sciences humaines, accueillie généreusement par Nathalie Marcerou-Ramel dans ses locaux. L’exposition a présenté les documents organisés par chantier : les fortifications, le palais, le temple à redans, le gymnase, le théâtre, l’habitat, les petits objets. Les archives ont été sélectionnées pour, à la fois présenter la vie de chantier, les découvertes archéologiques faites lors de cette fouille et la reconstitution photographique en 3D du site, et mettre en valeur la variété des documents d’archives. Cette exposition a connu un vif succès : à l’inauguration du 17 novembre, la communauté des archéologues s’est mobilisée en nombre pour venir découvrir les pièces exposées. Sur le point de se terminer, l’exposition a été honorée de la visite de l’Ambassadeur d’Afghanistan qui a exprimé le souhait de la présenter de nouveau à l’Ambassade d’Afghanistan à Paris.
Bilan établi par Nathalie Queyroux