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Dernière modification : 27 avril 2016

Actualité et décor
De l’événement éphémère à l’image pérenne

Françoise GURY – AOrOc
2014

  Sommaire  

 Bilan

 

Table ronde du 4 avril 2014 à l’ENS

La vie humaine est perçue comme un flot continu d’événements qui constituent notre présent. Fugitif par nature, ce flux serait voué à l’oubli et la vie à l’insignifiance si ne s’en détachaient certains événements qui, du fait de leur caractère exceptionnel, retiennent l’attention et donnent forme et sens à l’écoulement du temps.

De l’Antiquité à nos jours, les événements, heureux ou malheureux, certains voulus et organisés à dessein (fêtes religieuses ou profanes, célébrations commémoratives, réalisations édilitaires), certains aléatoires et imprévus (évènements politiques, artistiques, scientifiques, catastrophes naturelles, épidémies) s’imposent tantôt à la communauté tout entière, tantôt à une partie de cette communauté (groupe ethnique ou social par exemple), voire à quelques individus seulement dans le cas d’un événement familial (naissance, mariage, funérailles).

Ces évènements qui font l’actualité privée ou publique, politique, religieuse, culturelle, scientifique, technique, sportive, marquent les esprits. Pour des raisons qu’il convient d’élucider au cas par cas, ils ont en commun d’avoir été considérés comme dignes de servir de jalons pour la mémoire à travers des manifestations et des représentations littéraires ou artistiques. Si certaines de ces représentations restent sur place pour rappeler le fait d’actualité (monument, statue, affichage, etc.), d’autres sont par nature déplacées. Certaines sont pérennes, ou visent à l’être (monuments), d’autres, aussi éphémères que l’événement qu’elles commémorent, sont susceptibles à leur tour d’être fixées et rappelées sous une forme plus durable. Ainsi, un événement d’actualité, qu’il soit périodique ou fortuit, intrinsèquement lié à un lieu et à un temps donnés, s’inscrit-il dans la durée et les mémoires.

Représenté, pérennisé et diffusé à la conquête de l’espace et du temps, l’événement subit alors des réinterprétations. Il s’adapte à de nouvelles conditions sociologiques, historiques, géographiques, matérielles que la table-ronde se propose d’évaluer à partir d’exemples concrets choisis dans divers modes de représentation (lampes ; reliefs, statues, peintures murales …) et à diverses époques (par exemple : relations d’influences réciproques entre spectacles mythologiques des munera impériaux et décors publics ou privés ; écho des parures végétales somptuaires du banquet des Ptolemaia dans le décor festif et pérenne de la maison campanienne ; adaptation aux conditions locales de production, et aux exigences de la propagande monarchique dans un cadre diplomatique, du grand carrousel royal de 1662 pour célébrer, en 1676 à Constantinople, les victoires de Louis XIV en Hollande).

Les participants, antiquisants, modernistes et contemporanéistes, venus de champs disciplinaires différents (archéologie, histoire de l’art, histoire, anthropologie, littérature et conservation), ont répondu à l’invitation, qui caractérise les projets du Labex TransferS, d’élargir le champ de leur curiosité, de mettre en perspective leurs observations et de réfléchir, hors de leur cadre académique habituel, et dans une confrontation transversale, à une problématique qui leur est commune, celle du décor d’actualité. L’interrogation porte, de l’Antiquité à nos jours, sur la fabrication de l’image comme outil de communication, sur ses concepteurs-émetteurs et sur sa réception puisque celle-ci conditionne sa transmission et ses ultérieures métamorphoses.

Quels que soient leur support et les modalités de leur production, les décors d’actualités ont tous vocation à diffuser le souvenir d’un événement à travers l’espace et le temps. Pris dans une dynamique de distorsion, Ils constituent une mémoire vivante aussi longtemps que leur représentation est réinvestie, recomposée, repensée et réorientée pour servir une nouvelle actualité. Ce travail de réélaboration, de réinterprétation est indissociable de celui de la transmission.

 

Communications

Anne Berlan Bajard (Maîtres de conférences, Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3) : Décors d’actualité et spectacles mythologiques des munera.

Ronan Bouttier (Doctorant. Paris-Sorbonne, Paris IV-Centre André Chastel) : Représenter le roi à l’étranger : le carrousel de l’ambassade de France à Constantinople de 1676.

Laurie Catteeuw (Chargée de recherches, CIRPHLES, USR 3308 CNRS) : Qui voit la statue ? A propos de la Raison d’Etat de Versailles.

Kathleen M. Coleman (Professor of the Classics, Harvard University) : Illuminating Tools : Gladiatorial Equipment on Roman Lamps.

Isabella Colpo (Curatore del patrimonio artistico, Université de Padoue) : Carlo Anti Rettore dell’Università di Padova (1932-1943). Le opere figurative a Palazzo del Bo e Palazzo Liviano : storia o tradizione ?

Alexandra Dardenay (Maître de conférences, Université de Toulouse 2-Le Mirail) : Commémorer les actes fondateurs : Enée, Romulus et Auguste.

Françoise Gury (Chargée de recherche, AOrOc, UMR 8546, CNRS-ENS) : « Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches… ». Du décor végétal éphémère au décor pérenne dans l’espace domestique.

Valérie Huet (Professeur en Histoire ancienne. Université de Bretagne occidentale – Brest. CRBC) : Images sacrificielles ou la commémoration de fêtes éphémères ? Entre générique et spécifique.

Isabelle Kalinowski (Directeur de recherche, Pays germaniques « Transferts culturels franco-allemands », UMR 8547, CNRS-ENS) : Les techniques artistiques de production de la vie selon Carl Einstein

Emmanuelle Rosso (Maître de conférences en Histoire de l’Art romain, Université Paris-Sorbonne, Paris IV) : Miniatures d’actualité. Les images des vases à médaillons d’applique de la vallée du Rhône et leur statut.

Dominique Serena Allier (Conservateur en Chef du Patrimoine, Directeur du Museo Arlaten) : La Vénus d’Arles, une icône arlésienne : de la découverte aux mises en scènes régionalistes

Lecture
Vidéo(s) de l’événement
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