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XIAO Yingying
Université normale de Nanjing (Chine)
Invitée de TransferS – septembre et octobre 2017
Durant les mois de septembre et d’octobre 2017, le labex TransferS accueille XIAO Yingying, de l’Université normale de Nanjing (Chine).
Modernité et perception esthétique à travers les ouvrages de Gao Xingjian
Durant son séjour, Xiao Yingying donnera une série de conférence portant sur l’étude des œuvres de Gao Xingjian, prix Nobel de littérature 2000. Ses recherches ont été publiées chez Demopolis en 2017 : Une subjectivité fluide. Modernité et perception esthétique à travers les ouvrages de Gao Xingjian
Programme des conférences
- Mercredi 20 septembre, de 15h à 17h, ENS salle Assia Djebar
- Le sujet percevant et les pronoms personnels
- Le sujet percevant pose tout d’abord la question de « qui est-il et où est-il, le vrai sujet percevant dans le processus de l’esthétique ? », mais pour déployer cette question, il convient de commencer par « qu’est-ce que le vrai sujet percevant dans le processus de la perception esthétique ? ». Lorsque Merleau-Ponty interprète la perception, il interroge d’abord sur la pensée objective qui ignore longtemps le sujet percevant et déclare ainsi que c’est on perçoit en « moi » et non pas que « je » perçois dans « mon expérience perceptive ». Pourtant, cet on anonyme qui paraît ambigu ne réfère pas ni au moi ni à l’autre, mais à un autre moi. Cet autre moi percevant qui n’est pas en moi semble changer d’emblée la question ontologique de « qui suis je ? » en « où suis je ? ».
Dans les œuvres de Gao Xingjian – écrivain, dramaturge, peintre, cinéaste et aussi critique de littérature et d’art, lauréat du prix Nobel de littérature en 2000 –, il y a une narratologie des pronoms personnels qui semble la résonance de l’autre moi de Merleau-Ponty, et en même temps, qui repose sur l’esthétique traditionnelle chinoise. Dans l’esthétique chinoise, le problème ne réfère pas à qui est le sujet percevant, mais à où est le vrai sujet du percevoir – non-lieu (sans moi, impersonnel) ou l’autre lieu (le moi n’est pas en moi). Pourtant, ce dernier ne s’identifie pas à la théorie de Merleau-Ponty. Nous tenterons de chercher cet « où » qui est le sujet percevant dans le processus de l’esthétique en analysant la technique d’employer les pronoms personnels chez Gao.
- Vendredi 29 septembre, de 15h à 17h, ENS salle 235C
- L’œil et corps : mon regard n’est pas en moi
- Dans le processus de perception, si c’est le vrai sujet du sentir, incarné en un autre moi, qui me fait éprouver l’expérience de la sensation, mais ne me fait pas connaître l’auteur de cette perception, et qui fonctionne dans la dépendance de mes organes, mais déborde en même temps de mon corps, où se trouve alors le corps du moi ? Sa place est-elle au dedans ou au dehors du moment où le vrai sujet perçoit ?
Ce corps est à la fois abstrait et concret, à la fois évident et estompé dans les romans, les pièces de théâtre et les peintures de Gao, qui se pose d’emblée des questions sur lui-même : de quoi s’agit-il, avec mon corps ? Comment et par qui, mon corps est-il éprouvé ? Avec ce corps, il ne s’agit pas, chez Gao, d’une chair objective appartenant au moi, mais plutôt d’une chair désirante et souffrante qui est sensible et transformable selon ce qui est perçu. Commentateur assidu de ses propres ouvrages, Gao explique ses théories – de la narratologie des pronoms personnels, de l’acteur neutre, du troisième œil (tiers en observation) –, mais il ne parle jamais du corps, qui s’impose pourtant comme une instance très importante chez lui, notamment dans les créations postérieures à son installation en France.
- Mardi 10 octobre, de 17h30 à 19h30, salle historique de la Bibliothèque
- Dialogue avec le prix Nobel Gao Xingjian et Jean-Pierre Zarader : Une subjectivité fluide
- Gao peut être considéré comme un auteur transculturel, et pas seulement parce qu’il écrit en chinois et aussi en français. Chez lui, les deux influences de l’Occident et de la Chine, qui sont presque opposées, fonctionnent à la fois en tension et en harmonie. Ses œuvres s’offraient de cerner la notion de subjectivité-moi dans le cadre de son esthétique : il s’agira de comprendre comment Gao crée un style (subjectivité fluide) fondé sur le mode de percevoir chinois, tout en absorbant la pensée spéculative occidentale. Si Gao croise Merleau-Ponty lorsque la question ontologique « qui suis-je ? » est changée en la question contraire à toute substantialisation « où suis-je ? », ils en divergent aussitôt : Merleau-Ponty change le monde de la raison et de la logique en un monde de la perception (le corps, le regard, l’intuition) propre à faire l’objet de la philosophie, alors que la perception, chez Gao, reste toujours un en-dehors de ce qui constitue l’objet pensé et le sujet pensant.
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Entrée libre dans la limite des places disponibles 20 septembre 2017 - 15h00-17h00
ENS, 29 rue d’Ulm, 75005
salle Assia Djebar (rez-de-chaussée, aile Curie)29 septembre 2017 - 15h00-17h00
ENS, 29 rue d’Ulm, 75005
salle 235C (2ème étage, aile Ulm)10 octobre 2017 - 17h30-19h30
salle historique de la Bibliothèque (1er étage, couloir esc. B-C)
ENS, 45 rue d’Ulm, 75005