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Dernière modification : 30 janvier 2019

Ulrike EHMIG

Ruprecht-Karls-Universität Heidelberg (Allemagne)
Invitée de l’AOrOc – mars 2019

Les inscriptions latines sacrées : épigraphie et archéologie en dialogue

 

En mars 2019, le labex TransferS et François Bérard (Département des Sciences de l’Antiquité de l’ENS / AOrOc) accueillent Ulrike EHMIG du centre de recherche concertée Materiale Textkulturen, Ruprecht-Karls-Universität Heidelberg.

 

 

 

Les inscriptions latines sacrées : épigraphie et archéologie en dialogue

Les quatre conférences que je donnerai résultent des études sur les inscriptions latines sacrées qui sont au centre de mes travaux depuis plusieurs années. L’accent sera mis sur les témoignages épigraphiques désignant les objets offerts aux dieux, qui n’ont pas encore été étudiés dans leur totalité, tant dans leurs aspects archéologiques que comme témoignages de la mentalité de grandes parties de la population de l’Empire romain. Je discuterai quelques catégories choisies de ces inscriptions : les dédicaces des images des dieux, les textes sur vases, sur lampes, ainsi que ceux qui mentionnent le poids des objets. Les témoignages sont recueillis systématiquement en utilisant notamment la base de données Clauss/Slaby avec ses 500000 inscriptions latines. Je les analyserai en comparaison avec les découvertes archéologiques correspondantes (sans inscriptions) ou les contextes religieux et en tenant compte des pratiques modernes comparables, qui se nourrissent d’une connaissance profonde de nombreux sites de pèlerinage en Europe et de leurs pratiques votives. Ces conférences visent à renforcer le dialogue entre l’épigraphie et l’archéologie, c’est-à-dire entre les textes et leur matérialisation dans des contextes religieux.

 

1. Jeudi 14 mars – 10h30-12h30. Vases nommés dans les inscriptions latines sacrées et sur des objets trouvés dans des contextes cultuels.

Dans le cadre du cycle de conférences « Les Jeudis de l’archéologie »

La céramique fait typiquement partie des actes cultuels et des dédicaces aux dieux. Pour cette raison, les vases sont omniprésents dans les contextes archéologiques sacrés. Cependant, un dépouillement et une analyse systématiques des termes utilisés dans les inscriptions latines sacrées qui décrivent la dédicace des vases manque encore complètement. On peut aborder la question sur la base de la publication de Werner Hilgers « Lateinische Gefäßnamen. Bezeichnungen, Funktion und Form römischer Gefäße nach den antiken Schriftquellen (Beihefte Bonner Jahrbücher 31), Düsseldorf 1969 ». Lesquels des 400 termes connus apparaissent dans les inscriptions latines sacrées ? Est-ce que les mentions épigraphiques reflètent les découvertes archéologiques ? Les vases d’une fonction particulière sont-ils plus souvent mentionnés, et d’autres moins ? Certains types de céramique sont-ils typiques des dédicaces à certains dieux, dans certaines régions ou dans certains milieux sociaux ? Y a-t-il une coïncidence avec la fréquence de certains rites, comme des repas communs ? Par comparaison, combien de fois des vases sont-ils mentionnés dans des inscriptions funéraires ?

 

2. Mercredi 20 mars 17h00-19h00. Lumière dans l’obscurité : candelabra et lucernae.

Dans le cadre de l’atelier épigraphique de l’ENS

Comme la vaisselle, les lampes sont parmi les trouvailles les plus courantes dans les contextes sacrés. En revanche, un premier aperçu des inscriptions latines sacrées donne l’impression que les lampes ne sont que rarement mentionnés dans les inscriptions qui fournissent des informations sur les offrandes aux dieux. Il faut vérifier et expliquer cette observation : d’où viennent les quelques témoignages épigraphiques ? Les lampes sont-elles trop communes et banales pour qu’elles aient trouvé place dans les inscriptions ? Les quelques témoignages épigraphiques indiquent-ils des caractéristiques matérielles spécifiques (coûteuses) des lampes ? Sont-ils typiques de certains milieux sociaux ou de certains cultes, en particulier ceux qui sont déterminés par la dualité entre l’obscurité et la lumière ?

 

3. Lundi 25 mars  17h30-19h00. Statua, imago, signum : employés toujours pour des dieux et avec quels types d’images divines ?

Dans le cadre du cours « Religion et société dans les mondes anciens »

Si on excepte les autels, les images des dieux sont les offrandes les plus souvent mentionnées dans les inscriptions latines sacrées. Il y a une remarquable variété de termes qui ont été utilisés dans ce contexte : statua, imago, signum, sigillum, simulacrum, typus. On n’a pas encore étudié si ces termes décrivent tous la même chose, c’est-à-dire s’ils ont été utilisés de manière identique ou spécifique. Y a-t-il une utilisation régionale ou sociale typique de certains termes ? Quel genre de monument a été appelé statua, imago, signum etc. ? Pour répondre à cette question, il faut regarder de plus près les monuments désignés par les différents termes. Est-il possible, sur la base du terme utilisé, de reconnaître la forme de la représentation (statue, buste, image) et son matériau même si le monument en question n’est pas conservé ? Dans quelle mesure les termes (notamment statua) sont-ils typiques de contextes sacrés ou sont-ils également (ou plutôt) utilisés pour des représentations profanes ? Est-ce que le terme signum décrit toujours une image divine ou au moins parfois un bâton de procession ? Est-il possible de définir des critères pour distinguer les inscriptions dans un cas et dans l’autre ?

 

4. Vendredi 29 mars 9h00-11h00. Léger et lourd : indications de poids dans les dédicaces.

Dans le cadre de la conférence « Epigraphie latine du monde romain » à l’EPHE

Il n’est pas rare d’observer que dans les inscriptions latines sacrées les offrandes aux dieux sont plus spécifiquement caractérisées par leur matériau, notamment quand il s’agit de métaux précieux. Ces inscriptions, qui utilisent des termes comme pondo ou libra pour désigner les matériaux et le poids des objets, donnent une image très concrète des offrandes : les objets ne restent pas abstraits, mais on peut littéralement les voir en détail. Un premier aperçu montre qu’il s’agit évidemment en particulier de petites offrandes dont la valeur a été soulignée par l’indication du matériel et du poids. Ces informations détaillées définissent-elles un phénomène régional ou une habitude épigraphique typique de certains groupes de personnes ? Est-il possible d’identifier des objets avec des poids spécifiques et récurrents qui indiquent une production en série ou s’agit-il de productions individuelles ?

 


 

Ehmig, Ulrike (née en 1969), a étudié l’archéologie classique, la philologie latine et l’histoire ancienne aux Universités de Mayence et de Heidelberg. Doctorat en 2000 et habilitation en 2009 à l’Université de Francfort-sur-le-Main. Venia legendi pour „archéologie et histoire des provinces romaines“. Depuis 2001, elle a dirigé de nombreux projets de recherche en Allemagne et à l’étranger (Autriche, États-Unis, France). Elle a d’abord traité de sujets d’histoire économique et depuis 2010 elle s’intéresse principalement à l’épigraphie latine, à l’histoire des religions dans l’empire romain et aux questions de perception et de gestion des risques dans l’Antiquité. Depuis juin 2018, elle est directrice du Corpus Inscriptionum Latinarum à l’Académie des sciences de Berlin-Brandebourg.

Site internet : https://cil.bbaw.de/ et https://www.ulrikeehmig.com/

 


 

Publications en lien avec le sujet :

  • Donum dedit : Charakteristika einer Widmungsformel in lateinischen Sakralinschriften (Pietas 9), Gutenberg 2017.
  • « Bauten als Gegenwert göttlicher Hilfe im Zeugnis lateinischer Votivinschriften », Museum Helveticum 73/1, 2016, 56–77.

  • « Pro & contra. Erfüllte und unerfüllte Gelübde in lateinischen Inschriften », Historische Zeitschrift 296/2, 2013, 297–329.

  • « Subjektive und faktische Risiken. Votivgründe und Todesursachen in lateinischen Inschriften als Beispiele für Nachrichtenauswahl in der römischen Kaiserzeit », Chiron 43, 2013, 127–198.

 


  • Entrée libre dans la limite des places disponibles

    jeudi 14 mars - 17h30-19h30
    ENS, 29 rue d’Ulm, 75005
    salle Jean Jaurès (rez-de-chaussée, aile Curie)

    mercredi 20 mars - 17h00-19h00
    ENS, 45 rue d’Ulm
    salle F (1er étage,escalier D)

    lundi 25 mars - 10h30-12h30
    ENS, 45 rue d’Ulm, 75005
    salle de séminaire de l’IHMC (3e étage, escalier D)

    vendredi 29 mars - 9h00-11h00
    INHA, 2 rue Vivienne, 75002
    salle de l’EPHE


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