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SHAO Yiping
Université Fudan, Shanghai (Chine)
Invité du labex TransferS – avril et mai 2017
Durant les mois d’avril et mai 2017, le labex TransferS accueille SHAO Yiping, professeur de littérature chinoise et littérature comparée à l’Université Fudan, Shanghai (Chine).
Les conférences auront lieu en chinois en présence d’un traducteur
Programme
Mercredi 19 avril 2017 – 10h30-12h30 – Salle Weil, ENS 45 rue d’Ulm Paris 5ème
Des histoires des canons bouddhiques au Lettré de Yangxian : le développement du roman classique chinois
À l’époque des Wei-Jin et des Six Dynasties, le bouddhisme connaît en Chine une large diffusion. Les histoires relatées dans le canon bouddhiste stimulent l’imagination des lettrés, amenant les « menus propos » (xiaoshuo 小说) – on ne parle alors pas encore de « roman » – chinois à prendre, sous le nom de « notes sur le bizarre » (zhi guai 志怪), son autonomie par rapport aux livres historiques qui assumaient traditionnellement la fonction narrative. Après l’avènement des Tang, les « notes sur les gens » (zhi ren 志人) héritées des dynasties précédentes et désormais basées sur des techniques fictionnelles, évoluent en un genre littéraire à part entière, connu sous le nom de « transmissions de l’extraordinaires » (chuanqi 传奇). Le lettré de Yangxian attribué à l’auteur des Liang (Dynasties du Sud) Wu Jun (469-520), et consigné dans le recueil de récits fantastiques Suite aux contes de Qi Xie (Xu Qi Xie ji 续齐谐记) a vu le jour au cours de ce processus ; à travers les différentes modifications qu’il apporte aux histoires du canon bouddhique, il représente un bon indicateur de l’évolution du roman classique chinois.
Mercredi 26 avril 2017 – 10h30-12h30 – Salle Weil, ENS 45 rue d’Ulm Paris 5ème
Marchands, femmes et lettrés : un cas de représentation des marchands dans la littérature classique chinoise
Dans un grand nombre d’œuvres littéraires de la Chine ancienne, on peut observer un phénomène très intéressant : dans les situations de rivalité amoureuse qui mettent en prise les lettrés et les marchands, c’est presque toujours la figure du lettré qui sort victorieuse et celle du marchand qui essuie une défaite. Dans le cœur d’une femme, les talents littéraires du premier rencontrent davantage de succès que les richesses financières du second. Même si le lettré, à cause du pouvoir de l’argent que détient le marchand, essuie à un moment donné quelques revers, il finit toujours par reprendre le dessus et remporter la victoire. En outre, même lorsqu’il rencontre des difficultés, c’est à lui que le cœur de la femme reste acquis, et jamais au marchand. Il nous semble toutefois que cette relation triangulaire est née de l’imagination des lettrés, qui remportent à tout le moins dans leur œuvre une victoire dont ils n’ont pas l’heur de jouir dans la vie réelle, et qui compensent ainsi les déceptions que leur inflige ailleurs le succès des marchands ; comme s’il leur était loisible enfin, dans l’imaginaire littéraire, de prendre leur revanche sur les marchands qui ne cessent de les écraser.
Mercredi 3 mai 2017 – 10h30-12h30 – Salle Weil, ENS 45 rue d’Ulm Paris 5ème
Mutations du paysage : la nature dans la prose classique chinoise du 4ème au 18ème siècle
Dans un premier temps, inauguré par la « Préface au Recueil du Pavillon des Orchidées » de Wang Xizhi, la description du paysage dans la littérature des Six Dynasties jusqu’aux Tang fait généralement apparaître l’homme comme un petit personnage au milieu d’une vaste et imposante nature ; cette représentation est à l’origine de ce qu’on peut considérer comme une forme chinoise du « romantisme ». Dans un second temps, avec les conquêtes et l’expansion de l’empire des Tang, un esprit de domination de la nature sauvage et non civilisée, caractéristique de cette grande époque littéraire dite de « l’apogée des Tang », commença de pénétrer dans les descriptions de paysages. Dans un troisième temps, à mesure que se renforçait chez les lettrés-fonctionnaires un sentiment de responsabilité personnelle dans l’ordre du royaume et que se développait, dans la droite lignée du « mouvement du style ancien », la conception pragmatique d’une littérature chargée de véhiculer les doctrines confucéennes, les descriptions de paysage dans la littérature des Song étaient souvent empreintes des aspirations morales de leurs auteurs. Dans un quatrième temps, après les époques Ming et Qing, le plus grand changement social et culturel que connut la Chine fut l’entrée de la classe citadine sur la scène de l’histoire, et l’avènement d’une voix nouvelle dans le monde culturel et littéraire. La répercussion de ce phénomène fut un certain estompement de la voix et des sentiments des lettrés-fonctionnaires dans les descriptions de paysages, qui se popularisèrent et s’introduisirent chez les gens ordinaires ; en d’autres termes, les gens du peuple devinrent eux aussi des sujets de l’appréciation du paysage, qui cessa d’être le privilège exclusif des dignitaires ou des notables ; et la description de paysage prit aussi pour objet les lieux de vie du peuple, qui cessèrent d’être simplement des scènes insolites au regard des normes classiques.
SHAO Yiping est professeur et directeur de recherches au département de langue et littérature chinoises de l’université Fudan à Shanghai. Ses recherches portent sur la littérature classique de la Chine et de l’Asie du sud-est.
Principales publications (en langue chinoise) : Poésie : Perles de sagesse (1991) ; Le roman : l’art et la sagesse de pénétrer la nature humaine (1992) ; Recherches sur la Balance des discours (1995) ; Le monde des marchands dans la littérature chinoise (2005) ; Littérature et marchands : la représentation littéraire des marchands de la Chine traditionnelle (1993) ; Recueil d’essais sur la littérature classique chinoise (1996) ; Trois mélodies de la péninsule coréenne (1996) ; Essais sur les rapports entre littérature chinoise et littérature japonaise (1998) ; Chine et Japon dans la littérature chinoise, japonaise et française (2010) ; Bouillabaisse (2015)