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Dernière modification : 18 janvier 2018

Mythes et images en Jordanie à travers un nouveau tombeau peint
Substrat hellénistique et transferts culturels

Claude VIBERT-GUIGUE – AOrOc
Depuis 2017

Présentation

La découverte en novembre 2016 à Beit-Ras (Capitolias de la Décapole, Jordanie) d’un nouveau tombeau peint des II-IIIe siècles est exceptionnelle. La mise en ligne immédiate de clichés a suscité l’intérêt des chercheurs. Elle impose une réponse scientifique sur l’iconographie en milieu funéraire et sur le multilinguisme au Proche-Orient antique. Des parois au plafond, des scènes figurées déploient des thèmes mettant bord à bord des registres terrestre et marin. Elles sont accompagnées de nombreuses inscriptions en caractères grecs qui transcrivent pour beaucoup d’entre elles une autre langue à déchiffrer.

Le décor immédiatement reconnaissable est celui au plafond. Dans une vaste composition circulaire gravite autour du médaillon orné d’un quadrige, la représentation de six divinités planétaires, puis un zodiaque et, dans un autre registre, des Néréides portées par des kétoï. Des Amours complètent ce fond marin en surfant sur une amphore à voile, ou portés par une embarcation. Celui tenant la main d’une Néréide nous conduirait vers le mythe de Palémon. Son corps meurtri transporté par un dauphin jusqu’aux rives de Corinthe est à l’origine des jeux isthmiques.

L’iconographie sur les parois déploie une scénographie exceptionnelle avec un fourmillement de plus de deux cents figures. Elles sont disposées dans deux enclos que forment deux longs murs sans porte ni tour. Le premier englobe sur la paroi sud des scènes de banquet, deux façades de monument, et un parc surmonté de pampres où se promènent de paisibles personnages. Un autre enclos se déroule sur trois parois. Il contraste par une effervescence liée à des activités de coupes d’arbres et de constructions de parements. Des divinités aident les bûcherons et tailleurs de pierre sous les auspices de Jupiter flanqué de Tychés. La présence de chameaux affectés au transport est bien détaillée. Hermès au caducée est omni présent, mais Hercule, Mars, Pan sont identifiables. Des prêtres pratiquent des libations près d’autels.

Durant l’Antiquité, l’évocation de Terre et Océan renvoie dans le contexte funéraire aux croyances de mondes habités sous terre et sous mer, mais le dispositif général du tombeau offre un degré de lecture inédit autour de thèmes mythologiques, d’édification, et astraux. D’autres pistes moins débattues que celle tournant autour de la littérature des Enfers, entre Tartare et Champs-Elysées, font du tombeau de Beit-Ras témoignage un rare et précieux sur les transferts culturels dans la région. Il rappelle qu’un hypogée peint avait déjà été trouvé à proximité en 1973. La présence d’Achille et de Prométhée modelant Plasma avait attiré l’attention sur la culture hellénisée à Capitolias où un imposant théâtre a été dégagé en 2002.

Un consortium international instauré par la Direction des Antiquités de Jordanie assure depuis mars 2017 une phase d’évaluation (logistique et fouilles jordaniennes, conservation-restauration italienne, documentation française). À notre équipe se sont joints des épigraphistes (HiSoMA-CNRS, Lyon) et une architecte de l’Ifpo (CNRS-MAE) à Amman. La question des langues écrites, autre que le grec ou le latin, sur les décors antiques sera élargie à partir d’exemples araméens (tombeau des Trois Frères à Palmyre), voire bilingues (grec et arabe) dans les bains omeyyades de Qusayr ‘Amra dont une partie du décor peint figuré du VIIIe siècle fait étonnamment écho à celui du nouveau tombeau.

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