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Dernière modification : 29 janvier 2019

Mohamed TAHAR

Université de Tunis (Tunisie)
Invité de l’AOrOc – septembre et octobre 2018

Mohamed tahar, invité de septembre-octobre 2018

À la rentrée 2018, le labex TransferS et Véronique Brouquier-Reddé (AOrOc) accueillent le professeur Mohamed TAHAR, de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de l’Université de Tunis.

 
 

 

Carthage et le monde grec – épigraphie punique

Les recherches que nous avons menées ont porté essentiellement sur l’épigraphie néo-punique et sur les rapports qu’entretenait Carthage avec le monde grec. En dépit de la nature de la documentation à notre disposition, en travaillant sur des aspects souvent négligés, nous avons tenté d’explorer de nouvelles pistes pour se démarquer de cette vision statique présentant l’histoire d’une métropole africaine de plus en plus absorbée par l’hellénisme et entretenant des rapports conflictuels avec ses voisins.

La métropole africaine exerçait sur les auteurs classiques un mélange étrange de fascination et de répulsion. Autour de cette image fugace, nous avons tenté, à travers une série de travaux, de faire comprendre les ressorts des récits à notre disposition. Nous avons été ainsi amené à nous occuper des prétendues visées d’Athènes sur Carthage réalité ou invention à travers les témoignages de Thucydide, Isocrate, Aristophane, Diodore et Plutarque. Les rapports de nature pacifique entre les Grecs et Carthage ont également retenu notre attention. L’étude du statut des commerçants carthaginois dans les cités grecques de la Sicile s’inscrit dans cette optique. L’analyse des vices accolés aux Carthaginois et repris à satiété par les auteurs anciens fut l’une de nos préoccupations. C’est dans cette perspective que s’inscrivent bon nombre de nos travaux ; l’impiété fut aussi au centre de deux articles. Ces études ont tenté de démontrer l’enchevêtrement entre le sacré, le politique et le culturel.

 

programme des conférences de Mohammed Tahar - invité de septembre 2018
Crédits : ENS / AOrOc

 

Programme des conférences

 

  • Mercredi 19 septembre 2018, 18h-20h, ENS salle Beckett
  • Conférence de rentrée du Département des Sciences de l’Antiquité de l’ENS
  • icône vidéo Les dieux au banc des accusés. Réflexions sur les rapports des Carthaginois avec les divinités à travers la tradition classique
  • Les assertions reflétant des rapports conflictuelles entre les Carthaginois et leurs divinités sont parsemées dans les œuvres des auteurs classiques. Tributaires dans une très large mesure de sources hostiles et sur lesquelles nous n’avons que très peu de garantie de fiabilité, les auteurs anciens ont dû puiser dans une matière qui s’est forgée sur un long espace temporel ; une matière qu’ils n’ont pas manqué de manier chacun selon les exigences de son art et de ses convictions. Les passages dont nous disposons poussent à croire qu’à l’image des Grecs et des Romains, l’attitude hautaine des Immortels a été souvent incompréhensible et a nécessité des réactions passionnées des fidèles. Tels qu’on les aperçoit à travers ces témoignages, les Carthaginois entretenaient avec les dieux des rapports qui peuvent revêtir plusieurs formes calquées sur le système des relations entre Hommes. À cause de leur malveillance, les Carthaginois pouvaient accuser les dieux de tous les maux. La réaction contestataire de certains dirigeants puniques exprime une véritable remise en cause du pouvoir divin et pouvait atteindre même le stade de l’incrédulité. Quatre sources dont le choix n’est guère inopiné, retiendront l’attention : il s’agit de Justin, Diodore de Sicile, Appien et Silius Italicus. Leurs assertions mettent les divinités sous le feu de la contestation ; réverbération possible d’une image qui, quoi qu’il en soit, contraste avec l’idée très largement répandue présentant les Carthaginois comme un peuple superstitieux servilement soumis à ses dieux. La conférence insistera sur trois thèmes majeurs : les vices dont furent taxés les divinités, les moyens d’action usités par les Immortels pour nuire à ces pauvres humains et enfin les formes de contestation des fidèles.

 

  • Jeudi 27 septembre 2018, 17h30-19h30, ENS salle F
  • Grèce de l’Est-Grèce de l’Ouest (coord. Mathilde Lencou-Barême, Rossella Pace et Stéphane Verger)
  • Luttes politiques et espace public à Carthage 241-146 avant J.-C.
  • Tout au long des premiers siècles de son histoire, la métropole africaine s’identifie avec ces grandes figures issues de familles illustres dont les intérêts vont de pair avec ceux de l’État. Le peuple contrairement à la période choisie apparaît toujours comme une masse amorphe guidée par des réflexes conditionnés non pas par ses propres intérêts mais par ceux de ses hommes puissants. Avec la montée des Barcides, les clivages sont devenus plus faciles à distinguer. Les réactions irréfléchies de la Plèbe sont toujours dictées par la suspicion, l’appât du gain, la famine…. Les indications fournies par la tradition classique focalisent non seulement sur les règlements de compte qui se multiplièrent mais aussi sur les pratiques indissociables à ces querelles et dont on peut citer les procès intentés aux adversaires, les fausses accusations, les calomnies, la rumeur, les railleries… En insistant sur les vices du démos de Carthage et fidèles à leurs origines aristocratiques et à une tradition très fortement ancrée, nos sources brossent du démos de Carthage un tableau affligeant. Les luttes politiques ainsi que les réactions écervelées de la Plèbe avaient fini par guider Carthage à sa perte.

 

  • Mercredi 3 octobre 2018, 17h-19h, ENS salle F
  • Histoire et archéologie de l’Occident romain
  • Les sacrifices humains à Carthage : le témoignage de Diodore de Sicile
  • Abordé sur un éclairage gréco-romain, le passage de Diodore inhérent aux sacrifices humains chez les Carthaginois reflète au fond dans toute sa complexité la relation entre l’Homme et la divinité. Au tour d’une image itérative du punique impie le témoignage de l’auteur d’Agyrium véhicule une charge émotionnelle imprégnée d’un pathétisme recherché. La réaction des Carthaginois sert comme un moyen annonçant ce qui se passera dans la suite du récit. La conduite outrageuse des Carthaginois vis-à-vis les dieux sert d’exempla. La dimension moralisatrice chez Diodore est ubiquiste.

 

  • Mercredi 10 octobre 2018, 17h-19h, ENS salle F
  • Histoire et archéologie de l’Occident romain, atelier épigraphique (coord. François Bérard)
  • Textes néo-puniques inédits provenant de la région du Kef
  • Les études des collections d’inscriptions puniques et néo-puniques ou des nouvelles découvertes trouvées en fouille ou en prospection reflètent aussi l’univers des croyances à une période où on peut voir s’entremêler le substrat local, l’héritage punique et l’apport des nouveaux vainqueurs. À partir de la série de textes néo-puniques découverts à Aïn Fdhil (Henchir Esstah) et conservés au Kef, on abordera l’étude paléographique, l’onomastique, les formules dédicatoires et les formules finales utilisées.

 


Mohamed Tahar, professeur à l’Université de Tunis. Titulaire d’un Doctorat de troisième cycle (Paris I Sorbonne 1991) « Recherches sur les rapports entre Carthage et la Sicile punique » et d’une habilitation universitaire (FSHST 2011) « Recherches sur les rapports entre Carthage et le monde grec ». Historien, spécialiste de Carthage, d’épigraphie punique et néo-punique, M. Tahar collabore aux corpus des inscriptions puniques et néo-puniques de plusieurs sites de Tunisie (Altiburos, Dougga, Aïn Fdhil, Sucubi et d’Anissa). Il dirige un programme collectif sur « l’histoire du goût dans le monde punique ». Il participe au projet tuniso-francais de Dougga (AOrOc-INP).

Ouvrages notables

  • La Carthage punique. Histoire d’une civilisation (avec Ch. Bourounia). Centre de Publication Universitaire. Tunis. 1999 (en arabe)
  • Les Grecs et Carthage. Histoire, représentations et idéologie. Préface de C. Bonnet. Publications de l’École Normale Supérieure de Tunis et éditions Sahar. Tunis, 2010.
  • Guerre et religion dans le monde punique (M. Tahar éd.), Tunis, 2017.

 

 

 

 


  • Entrée libre dans la limite des places disponibles

    ENS, 45 rue d’Ulm, 75005

    Mercredi 19 septembre 2018 – 18h00-20h00
    salle Beckett (rez-de-chaussée, escalier A)

    Jeudi 27 septembre 2018 – 17h30-19h30
    Mercredis 3 et 10 octobre 2018 – 17h00-19h00
    salle F (1er étage, escalier D)


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