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La circulation du savoir linguistique et philologique entre l’Allemagne et l’étranger
XVIe-XXe siècles
Pascale RABAULT-FEUERHAHN – Pays germaniques
Depuis 2017
Présentation
La domination massive de l’Allemagne dans la production et la diffusion des savoirs en philologie et en sciences du langage au cours du long XIXe siècle est un fait saillant et bien établi de l’histoire de la linguistique. Néanmoins, ce phénomène n’a paradoxalement jamais fait l’objet d’une étude d’ensemble. Le but de ce colloque est de proposer une histoire transnationale des savoirs linguistiques et philologiques produits dans l’espace germanophone, afin de substituer au constat de cette domination une analyse de ses tenants et aboutissants et, ce faisant, de problématiser la notion même de linguistique et de philologie « allemandes ».
Un premier axe du colloque consistera à faire émerger, par des études de cas détaillées, un panorama de cette diffusion massive mais également multiforme et complexe des savoirs linguistiques et philologiques produits en Allemagne à travers le monde : linguistique naturaliste en France ; linguistique d’inspiration anthropologique aux USA, géographie linguistique et dialectologie en France, Suisse ou Italie ; sans oublier la diffusion internationale de la méthode historico-comparative Il s’agira de mettre en évidence tant les vecteurs personnels et institutionnels de ces transferts que les reformulations et les phénomènes de re-sémantisation auxquels ils ont donné lieu.
Cette prépondérance ne doit pas faire oublier les transferts qui ont eu lieu dans l’autre sens. La linguistique et la philologie allemandes ne sont en effet pas nées de rien. Elles ont tiré notamment parti des recherches de nombreux linguistes de tous horizons sur le classement des langues depuis le Mithridates du Suisse C. Gessner (1555) en passant par l’Espagnol L. Hervas y Panduro et le Germano-Russe S. Pallas. Quoique souvent opposée à la dimension censément particulariste de la pensée allemande, la grammaire générale n’a pas non plus été sans effet sur les théories développées en Allemagne. Enfin, les dérives nationalistes et racistes de la linguistique allemande sous le régime nazi (cf. L. Weisgerber, W. Porzig, etc.) ont certainement favorisé l’adoption de la grammaire générative américaine dans de nombreux instituts allemands de linguistique, d’abord en RDA dès le début des années 1960, puis en RFA au début des années 1970. Un second axe structurant du colloque sera donc consacré aux sources exogènes des savoirs produits dans l’espace germanophone.