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Dernière modification : 18 décembre 2018

Kristel SMENTEK

Massachusetts Institute of Technology (États-Unis)
Invitée de l’IHMC – janvier 2019

Kristel Smentek – invitée janvier 2019

En janvier 2019, le labex TransferS et Charlotte Guichard (IHMC) accueillent Kristel SMENTEK, maître de conférences en histoire de l’art au département d’architecture du Massachusetts Institute of Technology (MIT).

 

Les objets de la rencontre : la Chine dans la France du XVIIIe siècle

En dépit du consensus répandu parmi les intellectuels sur le rôle fondamental exercé par la Chine dans les débats des philosophes des Lumières et des économistes politiques, les historiens de l’art ont eu tendance à marginaliser les rencontres du XVIIIe siècle avec l’art chinois, les classant généralement sous la rubrique « chinoiserie ». Inventé au XIXe siècle, le terme chinoiserie continue de véhiculer les connotations péjoratives datant de l’impérialisme, l’époque de son invention. Cette série de séminaires revisite les soi-disant objets de la chinoiserie, produits dans la France du XVIIIe siècle, les présentant comme des sites complexes de traduction culturelle où les différences entre l’art chinois et les arts européens ne sont pas banalisées mais au contraire, activement engagées.

Dans la France du XVIIIe siècle, comme partout ailleurs en Europe, les échanges interpersonnels entre sujets Qing et Français étaient rares. Les objets, plutôt que les hommes, furent ainsi les principaux vecteurs dans la rencontre sino-européenne, et c’est dans les objets que furent élaborés les plaisirs et les désorientations proposés aux Européens par la Chine et par son art. Pour ses observateurs, la Chine était un vaste empire et une entité politique incontestablement civilisés, jouissant de l’antériorité dans l’invention du papier, de l’imprimerie, de la porcelaine et de la boussole. Ainsi la Chine a-t-elle non seulement remis en cause l’idée de l’exceptionnalisme européen, mais elle a aussi montré qu’elle avait une histoire longue et respectable qui a remis en cause les récits bibliques sur lesquels les Européens fondaient leurs constructions de l’histoire du monde.

Les objets en provenance de la Chine furent inévitablement transformés – conceptuellement et matériellement – au fur et à mesure qu’ils pénétraient leurs nouveaux contextes de réception. Ces transformations enregistraient matériellement les incertitudes épistémologiques suscitées par l’art chinois et l’empire lointain dont il était issu, en détournant ou en engageant de manière créative les incompatibilités perçues entre les systèmes de représentation français et chinois et les modes de fabrication. Ces objets matérialisaient des compatibilités imaginées entre leurs propriétaires français et leurs homologues chinois dans une période de conscience globale accrue mais dans laquelle l’hégémonie économique et impériale européenne n’était pas achevée.

 

Conférences

 

Vendredi 11 Janvier 2019, 11h-13h, salle de séminaire de l’IHMC : « China in the Studio in Eighteenth-century France » dans le cadre du séminaire « Dans l’atelier. Matières, formes, savoirs du travail artistique » (conférence en anglais)

Eighteenth-century works of decorative and visual art materialize the ways in which artists negotiated an increasingly diverse world, from active engagements with other cultures, to their explicit rejection, to complex negotiations of cultural difference. And they do so in ways which productively complicate received art historical and historical narratives of eighteenth-century global encounter. Focusing primarily on the graphic arts, this talk examines eighteenth-century French artistic engagements with art from China and the ways in which experimentation with materials and technologies served as forms of cultural inquiry and knowledge transfer. 

 

15 janvier, salle Cavaillès, 16h30-17h30 : « Fabriquer la Chine dans la France du XVIIIe siècle : La pagode de Chanteloup » dans le cadre du séminaire commun de l’IHMC « La fabrique des arts : histoire et historiographie » (conférence en français)

Au milieu des années 1770, la construction d’une pagode en pierre de 7 étages et de 44 mètres de haut commença dans le jardin de Chanteloup, domaine du ministre disgracié, le duc de Choiseul. Bien qu’il ne reste plus grand chose du vaste domaine de Choiseul, la pagode est toujours debout, témoignant à grande échelle de la complexité des engagements français avec la Chine au XVIIIe siècle. Son mélange de formes et d’ornements chinois et gréco-romains nous alerte sur les dimensions comparatives des recherches antiquaires européennes et sur la façon dont la grande antiquité chinoise a troublé les constructions du passé gréco-romain. En même temps, les contemporains de Choiseul considéraient la construction de la pagode comme un acte explicitement politique. La structure nous alerte donc aussi sur les significations politiques que les références à la Chine pourraient véhiculer, significations qui sont occultées par les catégories de chinoiserie ou de « Folie » à travers laquelle la pagode de Choiseul a été habituellement interprétée.

 

22 janvier, salle d’Histoire, 17h-19h : « Imagining China in 18th-Century France : Object Lessons from an Age of Ambivalence » (conférence en anglais)

With the exception of missionaries, East India company employees, and the very few Chinese who travelled to Europe, eighteenth-century interpersonal exchanges between Qing and French subjects were rare. Under these conditions, imported objects served as primary sites of cultural mediation and transfer. This talk focuses on selected examples of the display and alteration of Chinese imports in eighteenth-century France, and of French appropriations and adaptations of Chinese models for local markets. From the beginning of the century to its end, objects in the Chinese taste registered both the ambivalence elicited by knowledge of China’s achievements and the imagined identification of French elites with their refined, courtly counterparts in the Qing imperium.

 


  • Entrée libre dans la limite des places disponibles

    ENS, 45 rue d’Ulm

    11 janvier 2019 - 11h00-13h00
    Salle de Séminaire IHMC
    3ème étage, escalier D

    15 janvier 2019 - 16h30-17h30
    Salle Cavaillès
    1er étage, escalier A

    22 janvier 2019 - 17h-19h
    Salle d’Histoire
    2ème étage, escalier D


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