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DING Yun
Université Fudan, Shanghai (Chine)
Invité du labex TransferS – juin 2017
Durant les mois de mai et juin 2017, le labex TransferS accueille DING Yun, professeur de philosophie grecque et allemande à l’Université Fudan, Shanghai (Chine).
Les conférences auront lieu en chinois, en présence d’un interprète
La philosophie chinoise de l’ère post-heideggerienne
Lundi 29 mai 2017 – 17h-19h – ENS, salel Weil (45 rue d’Ulm, 75005)
Trois étapes historiques de la sinisation de la philosophie occidentale
L’étude de la philosophie occidentale en Chine, ou en langue chinoise, fait partie de la philosophie chinoise et non de la philosophie occidentale. Plutôt que de « philosophie occidentale en Chine », il serait plus approprié de parler de « sinisation de la philosophie occidentale » (...) Cette sinisation est une réalité fondamentale de la science herméneutique, à laquelle on doit accorder une compréhension historique. La sinisation de la philosophie occidentale ne se limite pas à l’étude en Chine de cette discipline proprement dite, mais se manifeste plus encore dans les interprétations de la philosophie chinoise sur son histoire et ses principes, ainsi qu’au niveau de ce qui est actuellement la force motrice la plus dynamique de la philosophie chinoise (...) D’après les fluctuations internes de l’histoire de la circulation des cultures chinoise et occidentale, on peut découper le processus de sinisation de la philosophie occidentale, et même de tous les savoirs occidentaux, en trois étapes historiques : la période Ming-Qing ; des Qing tardifs à la fin des années 1970 ; de la fin des années 1970 à nos jours. Au cours de ces trois phases, la pensée académique chinoise et la philosophie occidentale ont connu d’importantes mutations : sur le plan de la pensée académique, le passage de l’ancien au moderne, la transformation du système des études scientifiques et de leurs institutions ont marqué une rupture radicale avec les époques précédentes. Quant aux changements qui affectent la philosophie occidentale, ils concernent essentiellement les modèles, les modes de pensée et la rhétorique (...) Aussi mineurs soient ces changements, le passage à la modernité des études académiques chinoises n’aurait pu se produire sans la sinisation des savoirs occidentaux. En prenant l’ontologie pour fil conducteur de cette intervention, on entreprendra d’exposer les spécificités, les apports, les tâches et les limites de chacune des trois phases de la sinisation de la philosophie occidentale, dans l’espoir de bénéficier aux avancées de la philosophie elle-même.
Jeudi 1er juin 2017 – 18h-20h – ENS, salel Assia Djebar (29 rue d’Ulm, 75005)
Être et changement
En se basant sur quelques textes centraux du dernier Heidegger, la présente communication se propose de dégager les principaux fils directeurs de la pensée heideggerienne dans ses derniers développements, et d’examiner en particulier le problème de l’être et sa brèche dans la métaphysique occidentale en les replaçant dans le cadre des questions fondamentales ouvertes par la philosophie de Platon et Aristote. Après avoir souligné la signification originale que revêt, pour le problème de l’être même, la situation fondamentale qui se joue dans l’allégorie platonicienne de la caverne (République), on reviendra à la source de la pensée chinoise traditionnelle pour observer tout particulièrement comment, dans le Classique du changement – qu’on peut considérer comme la source de la « métaphysique » chinoise –, par une certaine approche phénoménologique du Dao, se révèle l’ensemble du savoir empirique à l’état primaire dans de la pensée chinoise. Sur cette base nous évaluerons le tribut d’Heidegger pour la pensée de l’être.
Mardi 6 juin 2017 – 17h-19h – ENS, salle Weil (45 rue d’Ulm, 75005)
Génération et production : sur la possibilité d’un renouveau de la philosophie dans la pensée chinoise
Dans la pensée chinoise contemporaine, la « philosophie » ainsi que tout le système disciplinaire qui s’y enracine, influencent de manière prégnante l’expérience et la compréhension qu’ont les Chinois de leur propre tradition. Si l’on veut éviter de faire une interprétation simple et naïve mais définitive de la pensée traditionnelle, réfléchir préalablement à l’ensemble du cadre et du champ sur lesquels se fonde notre compréhension de la tradition semble une méthode prudente et sûre. Avant d’en arriver inévitablement à la problématisation de la « pensée chinoise », il faut tenter de problématiser la « philosophie ». Cela implique que nous trouvions, dans l’histoire des courants philosophiques, la philosophie à la lumière de laquelle on juge généralement la pensée chinoise, et que nous en fassions un objet de questionnement. On ne peut pas dire que l’effort de Mou Zongsan pour réinterpréter la pensée chinoise classique en se fondant directement sur les quatre causes d’Aristote ait été un succès. Le commencement de ce qu’on appelle la philosophie a consisté à établir, à l’instigation des questions ontologiques, un état avant l’être et en même temps que l’être. Après la rencontre d’Heidegger, et la redécouverte d’Aristote et de toute la pensée occidentale classique, l’occasion était mure pour que puisse avoir lieu, à partir de l’expérience primitive intégrale qui a vu le jour dans la pensée chinoise, un réexamen et une réévaluation des débuts de la philosophie.
DING Yun est directeur de recherches au Département de philosophie de l’université Fudan (spécialiste de philosophie occidentale contemporaine et de phénoménologie) et directeur du Centre d’études sur l’histoire intellectuelle et membre du comité scientifique de l’association de Phénoménologie chinoise. Ses domaines de recherche portent sur la phénoménologie, la philosophie allemande, la philosophie grecque, la philosophie comparée et l’histoire de la philosophie politique.
Principales publications : Confucius et les Lumières (2011) ; Le pays de la Voie du Milieu (2014) ; La métaphysique au 17ème siècle (2005).