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Zsuzsanna GÉCSEG
Université de Szeged (Hongrie)
Invitée du Lattice – avril 2013
Le labex Transfers invite en avril 2013 le Professeur Zsuzsanna GÉCSEG, de l’Université de Szeged (Hongrie), pour quatre leçons à l’École normale supérieure, le mardi de 14h à 16h en salle Weil.
Les contraintes sur l’ordre des constituants en hongrois - à l’interface syntaxe / sémantique / pragmatique / prosodie
Ces conférences s’adressent aux enseignants et étudiants littéraires ou scientifiques, en particulier de langues et/ou de linguistique, de tous niveaux, et plus généralement à toute personne souhaitant découvrir une langue du groupe finno-ougrien obéissant à des contraintes spécifiques très différentes de celles d’une langue comme le français. Aucune connaissance préalable de la langue hongroise n’est nécessaire.
I. Structure informationnelle et ordre des constituants
Le hongrois est une langue dans laquelle l’ordre des constituants est déterminée non pas par la fonction grammaticale des unités, mais par les propriétés référentielles et le statut informationnel de celles-ci. La zone préverbale comporte, entre autres, des positions spécifiques destinées à accueillir le « topic » et le « focus » de la phrase.
Lors de cette séance de séminaire, nous décrirons les propriétés prosodiques, sémantiques et discursives des phrases dans lesquelles les positions « topic » et/ou « focus » sont instanciées par un constituant. Nous confronterons ces propriétés aux différentes caractérisations des notions de topic et de focus proposées en pragmatique linguistique. Nous montrerons que la position « topic » de la phrase hongroise est associée à un rôle qui doit être défini sur le plan sémantique plutôt que pragmatique, alors que le rôle proprement pragmatique du topic peut être tenu par des constituants occupant des positions syntaxiques variées dans la phrase.
Lectures proposées :
É. Kiss, Katalin (2007), « Topic and Focus : two structural positions associated with logical functions in the left periphery of the Hungarian Sentence », Interdisciplinary Studies on Information Structure 6 : 69-81.
Gécseg, Zsuzsanna (2007), « Les principes de l’articulation de la phrase assertive dans le hongrois et dans le français parlé », in Kassai, Ilona (éd.) : Structure informationnelle de la phrase. Budapest : Lharmattan/Tinta Kiadó, 61-95.
Gécseg, Zsuzsanna & ; Kiefer, Ferenc (2009), « A new look at information structure in Hungarian », Natural Language and Linguistic Theory 27 : 583-622.
Gécseg, Zsuzsanna (2012), « La structure informationnelle des phrases copulatives : approche contrastive », Revue d’Études Françaises 17 : 49-70.
Gundel, Jeanette (1988), « Universals of topic-comment structure » in Hammond, Michael - Moravcsik, Edith A. - Wirth, Jessica R. (éds) : Studies in syntactic typology. John Benjamins Publishing Company, Amsterdam/Philadelphia : 209-239.
II. Propriétés référentielles et position syntaxique des expressions nominales
En hongrois, la possibilité pour un constituant nominal d’apparaître dans une position syntaxique particulière est souvent contrainte par les propriétés référentielles du constituant en question. Ainsi, la position « topic » accueille en principe exclusivement des expressions référentielles (définies ou indéfinies). De même, si une expression universellement quantifiée apparaît dans la zone préverbale, elle occupe obligatoirement une position située entre le « topic » et le « focus ». Les indéfinis nus, expressions non-référentielles, doivent se placer immédiatement avant le verbe pour former une unité quasi-lexicale et prosodique avec celui-ci. Toutefois, lorsqu’elle est interprétée de façon contrastive, une expression non-référentielle (quantifiée ou indéfinie nue) peut également occuper la position « topic ».
Dans cette communication, nous passerons en revue les principes sémantiques généraux qui permettent de déterminer les positions syntaxiques possibles d’un constituant nominal. Nous aborderons brièvement les règles qui régissent les relations de portée des expressions quantifiées et/ou focalisées. Enfin, nous analyserons les conditions de réalisation des arguments indéfinis dans la phrase hongroise, avec une attention particulière sur les constructions exprimant une localisation spatiale.
Lectures proposées :
É. Kiss, Katalin (1995), « Definiteness Effect Revisited », Approaches to Hungarian 5 : 63-88.
Gécseg, Zsuzsanna (2003), « Quantification et focalisation dans le hongrois », Scolia 16 : 117-133.
Kálmán, László (1995), « Definiteness Effect Verbs in Hungarian », Approaches to Hungarian 5 : 221-241.
Maleczki, Márta (2001), « Indefinite Arguments in Hungarian », in Kenesei, István. (éd.), Argument Structure in Hungarian, Akadémiai Kiadó, Budapest, 151-193.
Peredy, Márta (2009), « Obligatory adjuncts licensing definiteness effect constructions », in É. Kiss, Katalin (éd.), Adverbs and Adverbial Adjuncts at the Interfaces, Mouton de Gruyter, Berlin, 197-230.
III. Les structures copulatives
En hongrois, la réalisation phonétique de la copule est soumise à des contraintes formelles et/ou sémantiques : dans certaines configurations, elle est obligatoirement réalisée, alors que dans d’autres configurations sa réalisation est interdite. Il existe cependant des structures dans lesquelles elle apparaît de manière optionnelle.
Lors de cette séance, nous nous interrogerons sur le statut de la copule dans les différentes constructions « averbales » : est-ce qu’il s’agit de structures à copule zéro ou de phrases sans copule ? Les constructions dans lesquelles la copule apparaît de façon optionnelle forment-elles une classe naturelle ?
Étant donné que les constituants d’une phrase copulatives sont susceptibles d’occuper des positions très variées, il n’est pas toujours aisé de distinguer le sujet et l’attribut dans une structure fondée sur deux constituants nominaux. Nous passerons en revue les critères possibles employés pour identifier le sujet de ces constructions, tout en montrant les limites du champ d’application de ces critères.
Nous terminerons la conférence par une brève analyse des constructions dites « météorologiques » mettant en jeu une copule et un nom sans déterminant (comme tél van, litt. « hiver est », signifiant `c’est l’hiver’) en nous interrogeant sur la fonction grammaticale (sujet vs. prédicat) du constituant nominal.
Lectures proposées :
Gécseg, Zsuzsanna (2011), « Être ou ne pas être : prédication averbale et localisation spatio-temporelle en hongrois », in Lefèvre, Florence & ; Mehr, Irmtraud (éds.), Les énoncés averbaux autonomes entre grammaire et discours, Ophrys, Paris, 31-46.
Gécseg, Zsuzsanna (à paraître), « Comment identifier le sujet des phrases copulatives du hongrois ? », Cahiers d’Études Hongroises et Finlandaises 19
Hetzron, Robert (1970), « Nonverbal sentences and degrees of definiteness in Hungarian », Language. 46/4, p. 899-927.
Kádár, Edit (2011), « Environmental copular constructions in Hungarian », Acta Linguistica Hungarica 58/4 : 414-447.
IV. La Grande Grammaire du Hongrois
Le dernier exposé sera consacré à la présentation d’un vaste projet de grammaire hongroise en ligne intitulé Comprehensive Grammar of Hungarian, en cours de réalisation par l’Institut de Linguistique de l’Académie des Sciences de Hongrie.