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Transferts de savoirs sur l’Afrique
Colloque
Acteurs, Institutions, Médias en France et en Allemagne de l’époque coloniale au postcolonialisme
2 et 3 novembre 2012
Universität des Saarlandes, Saarbrücken
Organisation : Michel Espagne (Paris, École normale supérieure)
et Hans-Jürgen Lüsebrink (Saarbrücken, Universität des Saarlandes)
Les études africaines se constituent en Europe à travers des échanges transnationaux, notamment entre la France et l’Allemagne. La perception d’un Leo Frobenius qui distingue des Africains plutôt français ou plutôt allemands marque clairement le rôle de miroir de tensions européennes que joue l’Afrique. Toutefois les études africaines qui se constituent progressivement depuis le milieu du XIXe siècle et dont le colloque a retracé quelques jalons importants font aussi largement appels à des acteurs africains : depuis les enseignants de langues africaines dans les diverses écoles coloniales jusqu’aux informateurs qui permettent l’élaboration des traductions de la Bible dans les différentes langues, traductions dont il faudrait établir la carte, les Africains ont transmis un savoir sur l’Afrique.
Ce savoir a pu modifier fortement le cadre européen lui-même, si l’on pense par exemple à l’incidence de la « plastique nègre » sur la genèse du cubisme. Il passe par des personnalités, des acteurs à recenser mais aussi par des supports médiatiques, que ce soit la presse, spécialisée ou non, les revues ou encore des maisons d’édition. Une histoire des principaux lieux éditoriaux servant au passage et à la constitution d’un savoir sur l’Afrique reste à étudier. Quasiment des institutions, les foires ont joué un rôle important, déterminant entre autres les modes de consommation. Enfin on considèrerera que le savoir colonial sur l’Afrique recèle en lui un moment d’affirmation d’acteurs africains sans qui il n’aurait pu s’élaborer, qu’il fait partie d’une mémoire identitaire des pays concernés. De façon générale il s’agit dans l’appropriation du savoir sur l’Afrique de mettre en évidence les apports africains et la transformations qu’ils opèrent d’une auto-perception européenne, à la manière dont le livre d’Anta Diop, Nations nègres et culture (1955) véritable séisme renforcé par la publication de Black Athena (1987), a obligé l’Europe à envisager une histoire alternative de ses références classiques. La perception des relations de l’Afrique avec le monde arabo-musulman fait naturellement partie des échanges franco-allemands sur l’Afrique et n’est pas sans incidence sur la constitution des lieux de savoir qui lui sont consacrés.