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Dernière modification : 3 avril 2015

Migrations et économie mondiale

Journées doctorales

Migrations et économie mondiale
Crédits : Pôle communication de l’ENS

11 & 12 décembre 2013

 

Cité Internationale Universitaire, 75014 Paris

Maison des étudiants arméniens

 

 

 

 

Mercredi 11, 14h00 - 18h00 : Migrations et sciences sociales

Les migrations internes et internationales ont été analysées dans le cadre des différents champs disciplinaires qui constituent les sciences sociales. Les méthodes employées pour analyser ce phénomène – qui fait régulièrement la une de l’actualité politique nationale et internationale et est souvent posé comme un « problème public » - sont aussi des points de vue qui divergent, se rejoignent ou se complètent. Cette demi-journée vise à proposer un état des lieux général, un panorama des théories élaborées et du vocabulaire employé au sein de différents champs disciplinaires. Comment les économistes, sociologues, anthropologues, démographes, historiens... ont constitué et traité les migrations comme thème de recherche ? Quels sont les débats, intra et transdisciplinaires, qui ont ponctué l’histoire de ces recherches, et qui constituent aujourd’hui l’actualité scientifique des migrations ? Les intervenants évoqueront ces parcours collectifs et individuels de recherche, les enquêtes particulières qui ont marqué les sciences sociales et leurs propres analyses, ainsi que leur propre expérience de chercheurs.

 

Jeudi 12 décembre, 9h00 - 12h30 : Arrangements familiaux et économies domestiques dans la migration

Quand l’émigré quitte son pays ou sa région, il laisse (momentanément) derrière lui des parents et/ou des enfants, un réseau et/ou des biens à entretenir et à gérer. Comment s’organisent les économies domestiques à distance ? Pour financer, investir, prendre en charge, éduquer les enfants : qui part et qui reste ? Comment sont pensés les arrangements familiaux et les projets concernant l’avenir des enfants ? Les études sur les familles transnationales ont connu un essor vers la fin des années 90 et le début des années 2000, mais l’existence de ces dernières n’est pas un fait nouveau. Les nannies philippines ont notamment été mises en avant, croisant les études sur le care et les réflexions sur les rapports de classe à l’échelle internationale (les mères philippines confiant leurs enfants à leurs familles, pour pouvoir partir et prendre soin des enfants des classes supérieures à l’étranger). Les études sur les migrations internationales ont tendance à ne pas traiter de la même façon les migrations dites économiques d’un côté et la circulation internationale des élites de l’autre. Pourtant, qu’il s’agisse des enfants laissés derrière (left behind), confiés à la famille au pays d’origine ou des enfants confiés à des institutions privées type pensionnats scolaires, des transferts d’argent accompagnent souvent ces séparations ainsi qu’une réorganisation des rôles au sein des maisonnées (unités d’économie domestique, selon la définition de Florence Weber) devenues ainsi transnationales. Dans tous les cas, la migration constitue une reconfiguration économique et politique du groupe, qui permet et nécessite des stratégies et arrangements spécifiques. Comme stratégie économique, « manière d’utiliser l’espace comme ressource et d’élargir ainsi les frontières du terroir » (selon les termes de Laurence Fontaine), elle permet d’envisager de nouvelles possibilités et perspectives pour le groupe et ses membres : maintien du groupe par l’accès à de nouveaux types de revenus, rupture avec le groupe, élargissement du groupe et nouvelles alliances ... Quels que soient ses objectifs, le fait migratoire peut être pensé comme un système d’arrangements et de prestations domestiques. Confronter différentes logiques migratoires dans leurs contextes particuliers permettrait de saisir en quoi la distance peut être un enjeu, l’objet de stratégie et d’arrangements dans le cadre de maisonnées multi-situées : arrangements au sein du groupe de parenté pratique (enfants confiés, transferts d’argent), mais aussi avec la participation de l’État (crèches, allocations, écoles) ou du marché (nourrices, internats privés).

 

Jeudi 12 décembre, 14h00 - 18h00 : Entreprises, travail et migrations

Les termes de mondialisation et de globalisation ont fait leur entrée politico-médiatique dans les années 1990, à la fin de la guerre froide. Ils ont été repris par des économistes, des géographes et des sociologues tout en suscitant des débats surtout auprès des historiens, des anthropologues voire des archéologues. La dimension mondiale de l’économie (ce qu’Immanuel Wallerstein appelle l’économie monde), loin d’être un phénomène caractéristique de la modernité tardive, était bien plus ancienne. Pour autant, les décennies 1990-2000 ont représenté un véritable tournant économique, et non seulement politique, dans les relations entre les continents et les nations, lié à la libéralisation des échanges commerciaux et financiers sans libéralisation des règles du marché du travail. Les migrations ont ainsi été à la fois encouragées économiquement et découragées politiquement. Venant pallier en partie les entraves à la mobilité des travailleurs, les déplacements des entreprises ont pris des formes différentes – dans un même pays ou à l’étranger, d’une partie de la production ou de l’intégralité (sous-traitance, délocalisation) – en accélérant le processus de fragmentation postfordiste des entreprises. Le terme de globalisation néolibérale est de plus en plus utilisé pour indiquer l’accélération des phénomènes de circulation des capitaux et des marchandises. Du point de vue des entreprises, le capital n’est plus localisé et les interconnexions entre sites de production se complexifient. Quelles ont été les conséquences locales de ce tournant ? Où faut-il se placer pour observer ces phénomènes économiques ? Les recherches, anthropologiques et sociologiques en particulier, se sont souvent concentrées sur des lieux spécifiques ou ont suivi les mobilités des individus et des groupes et les réseaux commerciaux construits par les migrations. Aujourd’hui, les questions de méthode pour une ethnographie transnationale sont loin d’être résolues : faut-il se déplacer là où les décisions se prennent ? Comment déplacer le regard entre différents espaces tout en gardant la profondeur du terrain ethnographique ?

 

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