Accueil > Recherche > Professeurs invités > Invités 2013-2014 > HUANG Bei
HUANG Bei
Université Fudan, Shanghai (Chine)
Invitée du labex TransferS – mai et juin 2014
Les écrivains français et la culture chinoise : le processus de création et le phénomène de « transfert » dans l’œuvre de Segalen, Claudel et Michaux
3 conférences sont prévues dans le cadre de l’invitation de Madame Bei Huang, Professeur à l’Université de Fudan, Shanghai, par labex TransferS :
L’incompréhensible chinois : le chinois en tant que matériau de la création poétique
L’incompréhensible chinois, en tant que matériau poétique touche à peu près ces domaines : a/ Le chinois en tant qu’une langue étrangère dont le sens est caché. Exemple : Segalen, Stèles, où les caractères chinois créent un champ sémantique répondant à celui des poèmes français. b/ Le chinois en tant que système d’écriture idéographique. Exemple : Claudel, Cent Phrases pour éventails, où le poète exploite la forme graphique du signe. c/ Le chinois en tant qu’une écriture faite du pinceau. Exemple : Michaux, la rencontre avec la calligraphie chinoise par le biais du pinceau. d/ Le chinois en tant qu’une organisation de phrase avec peu de mots grammaticaux.C’est là que se trouve la plus grande fantaisie, avec l’interprétation de Fenollosa ; l’influence de celui-ci sur Ezra Pound.
Victor Segalen, un “taoïste” nietzschéen en Chine
Si les années polynésiennes constituent pour Segalen une initiation à la joie de vivre, la période chinoise va renforcer sa santé morale à travers la rencontre avec le taoïsme. Pourtant le terme est confus : le « taoïsme » désigne tantôt une philosophie, tantôt une religion caractérisée par une quête de l’immortalité. Cette dernière n’est nullement absente dans l’“inspiration taoïste” de l’œuvre de Segalen. En s’intéressant particulièrement au vol des immortels et au « spectacle des apparences », Segalen rejoint Nietzsche dans une conception de la rédemption par l’art : c’est l’art qui permet à l’homme de dépasser les douleurs de l’existence et d’accéder à l’immortalité.
Michaux et l’encre de Chine
Si la peinture de Michaux provient d’une vieille colère contre “le verbal”, elle n’a jamais tout à fait abandonné l’écriture. En essayant d’inventer ses propres “idéogrammes”, Michaux, changeant la plume en pinceau, trouve la voie des signes par le geste calligraphique. D’abord exorcisant, le geste conduit le signe au trait pour enfin se purifier dans un mouvement élémentaire de tracé. Débarrassé peu à peu du langage, il n’est plus l’expression d’une antériorité : il fait le présent, par le rythme.