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Dernière modification : 23 octobre 2018

La Sibérie comme champ de transferts culturels
Littérature, anthropologie, historiographie, ethnologie

Colloque franco-russe

  Sommaire  

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12-17 juin 2017
Lac de Teletzkoe, Gorno-Altaisk
République de l’Altaï

 

Organisation

  • labex TransferS
  • Gorno-Altaisk State University (GASU)
  • coorganisé par l’Institut de littérature mondiale de Moscou avec une aide de la fondation RGNF

 

Comité scientifique

  • Ekaterina Dmitrieva (Moscou)
  • Vadim Polonski (Moscou)
  • Olga Lebedeva (Tomsk)
  • Alekseev Pavel (Gorno-Altaïsk)
  • Elena Galtsova (Moscou)
  • Michel Espagne (Paris)

 

 

 Présentation

À la région de l’Altaï correspondent plusieurs noyaux de l’histoire culturelle du continent eurasiatique dans la très longue durée. C’est dans l’Altaï que vivait il y a 40000 ans l’homme de Denisova censé représenter une famille humaine largement autonome.

On peut rattacher à l’Altaï la culture supposée iranienne d’Andronovo qui reste un autre mystère pour les paléoanthropologues. La région fait partie de l’espace censé avoir été occupé par les Scythes. On peut lui rattacher les racines des ethnies turques dont les premières traces écrites, inscriptions runiques du VIIIe siècle, ont été retrouvées dans la vallée de l’Orkhon. C’est d’ailleurs à Barnaul que le fondateur de la turcologie Radloff, savant allemand établi en Russie, a commencé une carrière qui le conduira à explorer toute l’Asie centrale turcophones et à en noter les épopées orales. La « jesup expedition » organisée par l’anthropologue germano-américain Franz Boas s’est plus particulièrement concentrée sur les ethnies sibériennes minoritaires qui ont véhiculé des mythes et des configurations linguistiques jusque dans les peuples indiens d’Amérique du nord. La famille des langues altaïques regroupe au demeurant les langues turques, mongoles et toungouses. L’Altaï a été une des régions originelles de la culture mongole, avant même la translation de celle-ci vers Karakorum puis vers Pékin, en étudier l’histoire c’est donc reprendre les classiques de l’histoire mongole depuis Mouradja d’Ohsson.

La Sibérie, dont la région de l’Altaï est une des grandes composantes, a été le théâtre de constitution des traditions chamaniques les plus fondamentales. C’est dans ce cadre qu’il convient d’aborder le chamanisme Touva, contacts entre chamanisme de type altaïque et chamanisme de type paléoasiate, paléoanthropologie des migrations anciennes. D’autres religions (le bouddhisme) ont également marqué le visage de l’Altaï. Lorsque la Sibérie a fait l’objet d’explorations scientifiques systématiques ce sont souvent des savants allemands qui ont contribué à la description de la région. Au premier rang d’entre eux on citera Alexander von Humboldt dans sa traversée de la Sibérie mais aussi des professeurs de Dorpat comme Karl Friedrich von Ledebour. L’université allemande de Dorpat a servi de point de départ à des explorations scientifiques de la Sibérie par des savants allemands de Russie. D’importants écrits ethnographiques et archéologiques des XVIIIe et XIXe sont le faits d’auteurs germanophones (Pallas, Gmelin, Georgi, Messerschmidt), mais on peut aussi songer aux sources du XVIIe s. en hollandais (Witsen, Ides) et surtout à l’apport décisif des exilés polonais de la fin du XIXe s. (Felix Kohn, Sieroszewski, Pekarski, Troszanski).

Un des grands découvreurs de l’Asie centrale, Prjevalski a aussi parcouru la région. Peut-être l’exploitation des richesses métallurgiques de la région dès le XVIIIe siècle explique-t’elle l’implantation d’artisans ou de spécialistes allemands. Toute une école d’anthropologues et ethnologues russes, de Sergey Malov à Leonid Potapov en passant par Vladimir Bogoraz s’est consacrée à l’étude de l’Altaï et de ses traditions, faisant de l’Altaï un atelier pour l’étude de la formation et de l’interaction entre les cultures et il serait temps d’envisager l’histoire de cette science. Du peintre Roerich à l’écrivain et cinéaste Choukchine, l’Altaï a par la suite inspiré des artistes. L’œuvre de Roerich doit beaucoup à l’inspiration du mouvement millénariste altaïen bourkhaniste (Ak Jan) qui annonçait au début du XXe le retour d’un messie mongol devant libérer les indigènes des colons et des missionnaires russes. Un éphémère gouvernement dit de Karakorum s’établit dans l’Altaï russe entre la révolution et l’arrivée de l’armée rouge, composé d’ethnologues russes illuminés et d’intellectuels altaïens indigènes. L’Altaï est un lieu où se rejoignent la Sibérie, la Chine, la Mongolie.

Étudier la région de l’Altaï comme théâtre de transferts culturels dans la longue durée c’est à la fois éclairer un des points de départ de l’expansion des cultures eurasiennes, un lieu de circulation entre les cultures sibériennes et d’élaboration de traditions chamaniques, observer la constitution de modèles ethno-anthropologiques résultant du travail de savants russes et allemands, évaluer la place de cette région de Sibérie dans la culture russe jusqu’à son rôle de point de jonction entre mondes chinois, mongol et russe, entre orthodoxie et bouddhisme.

 

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