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Dernière modification : 2 mai 2018

Les intraduisibles de la langue italienne
Le cas du binôme philosophie-philologie

Rossella SAETTA COTTONE – Centre Léon Robin
Depuis 2015

En collaboration avec Sara Fortuna (Université G. Marconi, Rome / Humboldt Universität, Berlin)

 

 Présentation

Notre projet se situe au croisement des problèmes liés à la traduction et aux intraduisibles et de la définition des champs disciplinaires. Nous voulons interroger certains phénomènes de résistance qu’un projet comme le Vocabulaire européen des philosophies. Dictionnaire des intraduisibles a rencontré au cours de ses traductions dans les principales langues européennes (voir le projet Intraduisibles). Cette réflexion nous oblige à mettre en question la vocation universaliste du premier intraduisible qui soit, c’est-à-dire le terme même de « philosophie » (qui ne figure pas dans la liste des entrées du Vocabulaire européen des philosophies). Si la pensée s’est développée en Europe grâce à ses déplacements successifs d’une langue à l’autre, d’une culture à l’autre – de sorte qu’elle ne peut être enfermée dans les limites que lui imposent les cadres culturels et disciplinaires nationaux – il n’en reste pas moins que la définition de ce qu’est l’activité même de philosopher demeure foncièrement différente dans les pays qui ont le plus contribué à l’élaboration de ce domaine de la pensée humaine.

C’est le cas notamment de l’Italie, où le terme de « philosophie » ne peut pas être séparé de celui de « philologie », pour des raisons historiques, politiques et linguistiques spécifiques, dont les effets demeurent puissants dans la culture italienne contemporaine. Cette différence première a des conséquences importantes sur la manière dont un Vocabulaire européen des philosophies pourrait être conçu et voir le jour en Italie. Partis d’un projet de traduction italienne du Vocabulaire européen des philosophies, nous nous sommes plutôt dirigés vers une contribution à la réflexion sur l’intraduisible en philosophie.

Ainsi, nous nous proposons d’explorer la vitalité du lien entre la réflexion théorique et les sciences philologiques dans la pensée italienne contemporaine. Le lien entre philosophie et philologie dans l’histoire de la pensée italienne a bien été pointé dans l’article « Italien » écrit par le philosophe Remo Bodei pour le Vocabulaire européen des philosophies. Dictionnaire des Intraduisibles. Bodei y défend une idée qui est devenue courante dans ce qu’aujourd’hui on appelle l’Italian Theory, selon laquelle il y aurait une philosophie italienne avec des traits spécifiques et une vitalité sans équivalents dans le contexte global actuel. Sa caractéristique fondamentale serait sa tendance à se développer dans un dialogue avec le monde, dans une dimension autre par rapport à soi même. Un aspect significatif de cette ouverture est lié au plurilinguisme comme condition culturelle typique de l’Italie et des Italiens, habitués à penser et à communiquer entre plusieurs langues : d’abord entre l’italien et leurs dialectes d’origine ; mais aussi, compte tenu du fait qu’il s’agit d’un pays qui a massivement connu l’expérience de l’émigration, entre l’italien, le dialecte et une langue ou plusieurs langues du pays ou des pays d’accueil.

 

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